Les Togolais sont « obligés de sacrifier leurs biens pour accéder à la nourriture ». En moins d’un an, le nombre de Togolais en situation d’insécurité alimentaire a été multiplié par 60.
Le Togo n’est pas à risque de famine. Mais dans le pays, quelques milliers de personnes se retrouvent en insécurité alimentaire sévère. De 4.000, elles sont aujourd’hui 250.000 personnes à se retrouver en insécurité alimentaire sévère, suite à la crise socio-économique engendrée par la pandémie de Covid-19.
« Il y a des populations qui sont dans une situation d’insécurité alimentaire sévère qui est due au nombre de repas par jour et à la qualité du repas », souligne Guy Mesmin Adoua, représentant du Programme alimentaire mondial (PAM) pour le Togo, cité par l’agence VOA Afrique. « Si on prend cette catégorie, où les gens sont obligés de vendre ou de sacrifier leurs biens pour pouvoir accéder à la nourriture, ça représente à peu près 4.000 personnes. S’il y a le moindre choc, ils peuvent passer à la phase d’insécurité alimentaire sévère », poursuit-il.
Un choc est venu bouleverser le cours de la situation. Et ce choc a un nom: la crise due à la pandémie de Covid-19. Selon Aboubacar Koisha, directeur adjoint du PAM au Togo, « pour nos distributions locales, il y aura environ 3.900 tonnes de vivres. Et en grande partie, ce sont des céréales. C’est le maïs, le riz, souvent aussi de fonio. Il y a de l’huile végétale vitaminée. Il y a également les légumineuses, à défaut de la viande ou du poisson, qui jouent ce rôle de protéines dans le corps. Et nous distribuons le sel iodé ».
De grosses famines en 2021
En octobre dernier, le PAM a reçu le prix Nobel de la paix pour son engagement contre la faim, à l’amélioration des conditions de paix dans les zones touchées par des conflits et dans la prévention de l’utilisation de la faim comme arme de guerre et de conflit.
Le Togo y a contribué, selon le directeur adjoint du PAM dans le pays: « le port de Lomé joue un grand rôle qu’il permet de transporter, chaque année, environ 100.000 tonnes de vivres vers les pays de l’hinterland, le Burkina Faso, le Mali et le Niger », relève Aboubacar Koisha. Et d’ajouter: « Ce prix Nobel de la paix, c’est pour le PAM certes, mais c’est aussi pour le Togo. Les Togolais doivent savoir qu’ils ont contribué au décernement de ce prix au PAM ».
L’année 2021 s’annonce difficile pour l’agence onusienne qui s’occupe de la lutte contre la faim dans le monde. « Nous aurons des famines aux proportions bibliques en 2021 », a prévenu le directeur général du PAM.
Dans un rapport conjoint, le PAM et la FAO, l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, ont alerté sur le risque de détérioration de l’insécurité alimentaire aiguë dans le monde. Selon le rapport, quatorze pays africains sont en menace de famine.