Le gouvernement guinéen ne desserre pas l’étau autour des membres de l’opposition. Activement recherchés, depuis la publication des résultats officiels par la Cour Constitutionnelle, plusieurs figures de l’opposition guinéenne ont été arrêtées. Incarcérés depuis cinq jours dans les locaux de la police judiciaire, cinq parmi ces hauts responsables de l’opposition ont été inculpés, hier lundi 16 novembre 2020, pour « atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation » placés sous mandat de dépôt et écrouées à la prison civile de Conakry.
Il avait annoncé la couleur après avoir été conforté dans son fauteuil de président de la Guinée par la Cour constitutionnelle, pour un troisième mandat après l’élection présidentielle du 18 octobre dernier. « Tous ceux qui vont montrer leur queue, on va la couper », avait confié Alpha Condé à ses proches, venus célébrer la victoire avec lui, promettant de « mettre fin à la pagaille », après les violences postélectorales qui ont fait des dizaines de morts. L’acte joint à la parole, plusieurs hauts responsables de l’opposition ont été recherchés et arrêtés, dont certains cueillis brutalement à leur domicile par les forces de l’ordre.
Parmi eux, Abdoulaye Bah, Ousmane Gaoual Diallo et Cellou Baldé, tous de l’UFDG, le parti de Cellou Dalein Diallo ; de même qu’Étienne Soropogui, du Mouvement les valeurs communes, un autre soutien actif du chef de l’opposition guinéenne lors de la présidentielle du 18 octobre.
Ils ont tous passé leur première nuit à la prison civile de Conakry, hier lundi, après avoir été déférés devant un juge d’instruction du tribunal de Dixinn, dans la proche banlieue de Conakry, qui les a inculpés pour « fabrication et détention d’armes de guerre et atteintes aux intérêts fondamentaux de la nation » et immédiatement conduits sous bonne escorte à la prison civile, rapporte RFI.
Ils retrouvent en prison, Ibrahima Chérif Bah, l’un des vice-présidents de l’UFDG et ancien gouverneur de la Banque centrale de Guinée, inculpé et placé sous mandat de dépôt la semaine dernière pour les mêmes motifs.
Le procureur n’a jusque-là fait aucune déclaration sur ces arrestations et emprisonnements, le Parquet s’étant limité à annoncer, la semaine dernière, que de hauts responsables de l’opposition étaient activement recherchés pour avoir proféré des menaces de nature à troubler l’ordre public.
De son côté, le porte-parole du collectif des avocats de la défense, Me Salifou Béavogui, a indiqué, dans une déclaration de presse que : « nos clients sont des prisonniers politiques », mais ils « ont le moral au beau fixe, très confiants, puisqu’ils sont convaincus de leur innocence », ajoutant qu’« ils sont simplement poursuivis pour des raisons politiques ».
Dans une interview qu’il a accordée à RFI, dimanche, Cellou Dalein Diallo, interrogé sur ces arrestations a déclaré : « J’ai été séquestré dans ma maison. Mes bureaux et mon siège sont toujours occupés par l’armée jusqu’à maintenant. Une répression sauvage s’est abattue sur mes partisans, faisant 48 morts. Beaucoup de blessés par balles, au moins 200, des arrestations, 350. Il n’arrive pas à digérer l’échec qu’on lui a infligé dans les urnes ».
A propos de l’annonce faite par Alpha Condé qui disait tendre la main à l’opposition pour discuter et dialoguer, le leader de l’opposition rétorque : « en attendant, c’est un bras armé qu’il a sorti….Une main assassine ».