Si on veut être constructif sur l’enseignement de la liberté d’expression, il ne faut surtout pas se servir d’un support (Anti) pédagogique comme des caricatures dévalorisantes du prophète de l’islam (psl).
En effet, le faire, c’est sans aucun doute suggérer surtout à de jeunes collègiens que ce prophète caricaturé est le “gourou” des musulmans et qu’il y a un rapport négatif entre ce prophète et le refus de la liberté d’expression de la part de ces derniers.
Or, comme je l’ai déjà écrit, si on fait une option vraiment pédagogique et didactique sur l’enseignement de la liberté d’expression, on se fait le devoir et l’endurance de fouiller (sans préjugés et sans se soumettre aux contingences géopolitiques et franco-françaises) dans le Coran, les hadiths, l’histoire des musulmans sur les 15 siècles, etc.
Dans une telle perspective, un professeur compétent et respectueux de l’enseignement scientifique des religions et de leurs adeptes, pourra expliquer à ses élèves comment la liberté d’expression peut être associée (ou non) à l’islam et aux musulmans.
Personne ne sera contre une telle demarche. Et on pourra même Illustrer le sujet dans le Coran en mentionnant que Dieu a laissé Satan s’exprimer quand il refusa de se prosterner devant Adam, que “nulle contraire en matière de religion” est un verset du Coran, que la consultation (choura) de ses compagnons sur les affaires publiques est une injonction du Coran adressée au prophète (psl), que ce dernier a débattu avec des chrétiens venus du Yémen dans sa mosquée à Médine, que toutes sortes de sujets ont été discutés par les oulémas (théologie, exégèse, science, philosophie, droit, etc) avec des thèses des uns et réfutation des autres.
Bien sûr que la liberté d’expression a connu des hauts et des bats dans l’histoire des musulmans comme dans toutes les communautés religieuses, politiques et autres, en France y compris. Mais, les oulémas et autres intellectuels ni le musulman lamda ne pourront accepter que le prophète de l’islam soit associé de façon négative par le detour de caricatures dévalorisantes de sa personne, à la liberté d’expression.
Il faut aussi noter que nulle part la liberté d’expression ne s’exerce dans l’absolu. Elle est toujours régulée et encadrée par la loi. A ce titre, il devient suspect de n’évoquer ce droit dans l’absolu que lorsqu’il s’agit de l’islam et des musulmans.
Le président Macron vient de rappeler l’ambassadeur de France au motif de propos inacceptables et “grossiers” tenus par le président turc Erdogan à son égard. Voilà, cette colère de Macron doit faire réfléchir…
Les musulmans de France notamment se sentent blessés chaque fois qu’on donne une image dévalorisante et mensongère de leurs références, à savoir, le Coran et le prophète de l’islam pour corroborer des faits d’actualité regrettables.
Si on met en avant la République et la laïcité pour s’en prendre à la communauté musulmane de France à travers ses références et autres symboles, alors celle-ci va se sentir de plus en plus à la marge. Et cette marginalisation ou exclusion vraie ou perçue comme telle notamment à travers l’école est un terreau propice à toutes sortes de réactions incompatibles avec le bon vivre ensemble.
Depuis son discours sur le séparatisme islamiste et après l’assassinat du professeur Samuel Paty, le président Macron ne donne pas l’impression de quelqu’un qui a trouvé la bonne approche sur la place de l’islam et des musulmans en France. C’est quelqu’un qui est souvent dans le “nous n’allons pas renoncer”, “nous sommes en guerre”, “vous devez faire”.
Pour un président de la République et pour un sujet aussi complexe et sensible que l’islam et les musulmans en France, il est temps d’être plus humble et de trouver avec la communauté musulmane et non contre elle ou sans elle, et dans un climat serein, des réponses justes et durables aux préoccupations de celle-ci pour les besoins du bon vivre ensemble en France.
Wa Salam
Imam Ahmad kanté