La jeunesse nigériane continuait vendredi de marcher contre les violences policières dans plusieurs grandes villes du pays, malgré un avertissement de l’armée et de nouveaux incidents.
Ils étaient encore des milliers à Lagos, tentaculaire ville de 20 millions d’habitants, à marcher, chanter et danser dans différents quartiers, bloquant toujours les principaux axes de circulation. Les manifestants n’ont pas été découragés par les déclarations de l’armée nigériane qui disait jeudi matin se tenir prête « à faire respecter la loi et l’ordre », mettant en garde « les éléments subversifs et les fauteurs de troubles ». Et hormis quelques incidents, la plupart des marches de jeudi se sont déroulées pacifiquement.
A Ikeja, un quartier du centre de Lagos, l’ambiance battait son plein en début d’après-midi, malgré l’attaque le matin d’au moins 6 manifestants par de jeunes hommes armés de bâtons et de machettes arrivés en bus, selon l’AFP.
« Entre 7H30 et 9H00, des casseurs probablement payés par le gouvernement ont attaqué les quelques manifestants qui étaient sur place, plusieurs ont été blessés », selon l’un des manifestants, Princewill Iweajunwa, cité par l’AFP.
« Mon gouvernement ne tolérera jamais l’attaque de manifestants », a réagi sur Twitter le gouverneur de l’Etat de Lagos Babajide Sanwo-Olu. « Des agents de sécurité vont être immédiatement déployés pour les protéger de ces scélérats », a-t-il ajouté.
Depuis le début de la contestation, les marches se sont largement déroulées dans le calme.
Mais au moins dix personnes sont mortes et des centaines ont été blessées, selon Amnesty International, au cours de violences sporadiques, notamment avec la police. Les autorités ont de leur côté annoncé la mort de deux policiers.
Cette mobilisation inédite de la jeunesse nigériane est née mi-octobre sur les réseaux sociaux, après la diffusion d’une vidéo montrant un homme tué par des agents présumés de la SARS. Cette unité de police est accusée depuis des années de racketter la population, d’arrestations illégales, de torture et même de meurtre.
Face à la pression de la rue, le gouvernement a annoncé dimanche le démantèlement immédiat de cette unité spéciale et promis de réformer la police. Mais ces annonces n’ont pas suffi à apaiser la jeunesse, qui demande désormais au gouvernement de rendre des comptes.
Pour tenir dans le temps, le mouvement s’organise sur Twitter: une Coalition féministe a déjà récolté plus de 150.000 euros par internet, selon leur site. Avec ces fonds, elle dit régler les factures d’hôpital de blessés ou encore fournir de l’eau, des vivres et des masques.