La plus haute autorité de l’église en Côte d’Ivoire a fait une déclaration qui le situe d’emblée dans les rangs des opposants à la candidature du président Alassane Ouattara. En effet en affirmant urbi et orbi que « la candidature de Ouattara n’est pas nécessaire »,le prélat rompt avec une position de neutralité et, par là-même, révèle son penchant, son engagement politique auprès de ses coreligionnaires.
Pourquoi ne s’est-il pas prononcé sur la candidature de Henri Konan Bédié ou de Pascal Affi Ngessan ? Sans doute parce qu’ils sont chrétiens ? Le cardinal Kutwa a perdu une bonne occasion de se taire car ses propos vont semer la confusion et attiser des tensions dont son pays se serait passé pour son bien. Certes, il a ajouté ”à mon avis”, mais il a oublié que son avis engage aussi, d’une certaine manière voire d’une manière certaine nombre des fidèles de l’église. Maintenant, en plus des tensions ethniques que Bédié manipule, voilà un prélat qui sème des graines d’opposition confessionnelle.
Faut-il rappeler à son éminence qui a été « créé » cardinal que la politique n’est pas la religion et que l’éthique de conviction ne gouverne pas l’arène où se déroule la confrontation politique. Faut-il lui rappeler aussi que l’équilibre démographique ne penche pas de son côté et que la démocratie consacre la loi de la majorité.
Tout cardinal qu’il est sa voix comptera le 31 octobre au même titre que celle de chacun des citoyens ivoiriens jouissant de leurs droits civique et donc pouvant voter librement. La sortie du cardinal Kutwa est malvenue et doit être dénoncée et placée dans le contexte d’un choix partisan peu éclairé. La foi peut illuminer les esprits et les cœurs, elle peut aussi les plonger dans les ténèbres de l’obscurantisme. L’Inquisition de sinistre mémoire en est une preuve irréfutable avec ses autodafés.
Faut-il rappeler que la Côte d’Ivoire est une terre de rencontre, de métissage et donc de synthèse qui a souffert des actions maléfiques des apprentis sorciers qui ont essayé d’y semer haine ethnique et violence régionaliste. S’il y a un candidat à blâmer c’est bien Henri Konan Bédié dont la présidence a été un désastre économique et a accouché du premier coup d’état subi par les ivoiriens.
Un cardinal doit mesurer ses propos quand il s’aventure hors des séminaires pour poser ses pieds dans le marécage politique. Le cardinal Kutwa a fauté et devrait se repentir, en allant à confesse sans tarder. Il pourrait tout simplement « redresser ses propos ». Le plus tôt sera le mieux !