Avec la pandémie de la Covid 19, l’industrie des transports aériens connait la plus grave crise de son histoire, avec une chute brutale de 80% du trafic aérien mondial. L’Association des Transporteurs Aériens Africains (AFRAA) a annoncé que 95% des compagnies du continent ont cessé toute activité, au moment où l’IATA prévoit une chute du trafic de l’année 2020 de 54% (plus de 80 millions de voyages de passagers) par rapport à 2019. L’OACI quant à elle entrevoit la reprise normale probable du trafic aérien mondial en 2023.
Au Sénégal, la fermeture de l’espace aérien le 20 mars, a entraîné des pertes de recettes évaluées à 19 milliards en trois mois pour la seule compagnie Air Sénégal. Le Président Macky Sall, dans le cadre du Programme de Résilience Économique et Social (PRES), pour « éviter l’effondrement du Hub aérien », a mis en place un Fonds de résilience du Transport aérien d’un montant de 5 milliards.
Sur ce fonds, 2.510.850.000 CFA ont été versées aux entreprises privées du secteur pour leurs besoins en fonds de roulement et 2.5 milliards bonifiés à 7,5 milliards pour leur permettre d’entamer la relance. Près de 5 milliards ont aussi été versés aux structures du portefeuille de l’Etat chargés de la supervision de la sécurité, de la mise en œuvre de la sûreté, de la gestion et de l’exploitation des aéroports régionaux. Au total plus de 6.000 emplois ont ainsi pu être maintenus dans le secteur du Transport aérien. La Compagnie Nationale Air Sénégal a reçu un financement de 45 milliards dans le cadre du développement de son hub pour lui permettre d’atténuer les effets de la crise.
Ces actions qui ont contribué à sauver des milliers d’emplois ont été saluées par l’IATA.
Aujourd’hui, la reprise du trafic international un mois après celle des vols domestiques qui ont démarré le 15 Juin, s’articule autour de la stratégie globale de l’Etat du Sénégal qui ambitionne de faire du Sénégal le 1er Hub aérien régional dont le Pivot sera Air Sénégal avec comme objectif 4 millions de passagers en 2025 et 10 millions en 2035… sur la plateforme aéroportuaire du Sénégal.
Le choc engendré par la Covid 19 est très important, en conséquence, la reprise va être lente et graduelle. C’est ce qui explique selon Ministre du Tourisme et des Transports aériens Alioune Sarr, la volonté politique de l’Etat de continuer à soutenir les besoins en fonds de roulement des entités du portefeuille de l’Etat, ainsi que les sociétés évoluant dans le domaine des transports aériens et du tourisme, au moins jusqu’en décembre 2020. En outre, précise –t-il, les sociétés du secteur qui sont actuellement dans la phase de relance, et qui ont fait face à des pertes financières accumulées durant les mois d’inactivités, seront soutenues.
Dans le cadre de la relance, il s’agira aussi, selon le Ministre Alioune Sarr de développer les investissements, d’une part pour le financement des infrastructures aéroportuaires qui vont contribuer à proposer une offre de service aux standards internationaux, dans les aéroports du Sénégal, et d’autre part pour le parachèvement du Hub aérien avec la construction d’un Centre de Maintenance des avions (MRO), d’une Académie des métiers de l’aviation et d’une Aérocity qui vont booster les recettes extra-aéronautiques de l’AIBD et avoir un effet positif sur l’économie du pays.
L’enveloppe globale proposée pour ce plan de relance est de 25 milliards CFA en 2020 et 53 milliards CFA en 2021. A partir de 2022, les besoins seraient d’une dizaine de milliards CFA par an.