Le Nigérian Akinwumi Adesina a surmonté la tempête des accusations de mauvaise gestion portées contre lui et a été réélu pour cinq ans président de la Banque africaine de développement (BAD). Cette dernière aura fort à faire face aux effets de la pandémie sur le continent.
Avec 100% des votes de tous les membres régionaux et non régionaux de la Banque, Adesina, 60 ans, unique candidat à sa succession, a donc reçu un plébiscite masquant quelque peu le séisme qui a failli le renverser.
Il y a quelques mois, le président de la BAD était au bord du gouffre. Dans un rapport détaillé, des lanceurs d’alerte l’accusaient alors de favoritisme dans des nominations de hauts responsables, en particulier de compatriotes nigérians. Ils lui reprochaient aussi la nomination ou la promotion de personnes soupçonnées ou reconnues coupables de corruption, ou d’avoir accordé des indemnités de départ démesurées à certains cadres.
Fin juillet, Akinwumi Adesina a été disculpé d’accusations de mauvaise gestion par un comité d’experts, à l’issue d’un feuilleton médiatico-financier qui a duré trois mois et déstabilisé l’institution.
Si elles n’ont pas empêché sa réélection, les accusations et le feuilleton ont cependant terni l’image du flamboyant président, qui avait assuré une augmentation de capital géante de 115 milliards de dollars en octobre 2019, selon les observateurs.
La gestion du personnel menée par M. Adesina a causé des remous depuis cinq ans, entrainant le départ de nombreux cadres, rappelle l’AFP. D’autres craignent désormais « une chasse aux sorcières ».
Adesina devra donc restaurer la confiance en son action à la fois et interne et en externe, un certain nombre de bailleurs de fonds dont les Etats-Unis n’ayant pas apprécié les accusations. Le Fonds monétaire international (FMI) avait évoqué fin juin une récession de 3,2% cette année pour l’Afrique subsaharienne, et une baisse des revenus des habitants à leurs niveaux de 2010.
La BAD, une des cinq principales banques multilatérales de développement au monde, a été créée en 1964. Elle compte 80 pays actionnaires (54 pays africains et 26 non africains, d’Europe, d’Amérique et d’Asie). Elle est la seule institution africaine cotée triple A par les agences de notation financière.