Des manifestations ont éclaté en Côte d’Ivoire, mercredi 12 et jeudi 13 août, contre la candidature à un troisième mandat de l’actuel président, Alassane Ouattara. Au moins, quatre personnes ont été tuées dans ces violences, notamment à Bonoua et à Daoukro. L’opposition et des membres de la société civile avaient appelé à manifester, jeudi, alors que les autorités avaient interdit tout rassemblement pour non-respect « des procédures appropriées ».

Une jeune de 18 ans a été tué lors de ces affrontements avec les forces de l’ordre à Bonoua, (sud-est), fief de l’ex-Première dame, Simone Gbagbo, a annoncé Jean-Paul Améthier, le maire de la ville, à l’AFP. Selon d’autres témoins, des manifestants en colère ont saccagé le Commissariat de Bonoua. 

A Daoukro, fief de l’ancien président, Henri Konan Bédié, les violences ont fait trois morts, mercredi. Ancien allié de Ouattara, Bédié, (86 ans), juge « illégale » sa candidature à un troisième mandat. L’ex chef de l’Etat ivoirien a été lui-même investi candidat à la Présidentielle par le Parti démocratique de Côte d’Ivoire, (PDCI), la principale formation d’opposition. Les victimes ont été tuées dans des affrontements entre ses partisans et ceux du Président Ouattara, ont indiqué des sources sécuritaires. 

Jeudi, d’autres heurts ont eu lieu entre manifestants et forces de l’ordre à Abidjan, notamment dans le quartier populaire de Yopougon où l circulation a été paralysée, et à Port-Bouët, quartier où se trouvent le port et l’aéroport d’Abidjan, la capitale économique du pays. Les forces anti-émeutes étaient également déployées à Cocody où la police a interpellé un groupe de femmes, selon des témoins cités par l’AFP.  

Des incidents ont également eu lieu à San Pedro (sud-ouest), deuxième port du pays, à Adzopé, près d’Abidjan, ou encore à Ferkessédougou (nord), fief de Guillaume Soro, ancien allié de Ouattara, passé dans l’opposition et aujourd’hui en exil en France. 

Ses partisans ont réclamé le retour de l’ancien chef de la rébellion, visé par plusieurs procédures judiciaires. Soro compte, toutefois, se présenter à la prochaine présidentielle, fixée au 31 octobre prochain.

 

Ouattara Investi officiellement le 22 août prochain

En dépit de ces violences, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le parti du président Ouattara, a annoncé, jeudi, que l’actuel chef de l’Etat serait officiellement investi candidat le 22 août lors d’un grand rassemblement à Abidjan. 

Alassane Ouattara (78 ans), avait été élu en 2010 face au chef d’Etat sortant, Laurent Gbagbo, qui avait refusé de reconnaître sa défaite, plongeant la Côte d’Ivoire dans une crise sans précédant.  Il sera finalement arrêté par les forces de son rival, soutenues par l’armée française et l’ONU. Cette crise avait causé la mort de 3000 personnes en Côte d’Ivoire. 

Ouattara avait été réélu en 2015, puis avait annoncé en mars qu’il ne serait pas candidat pour le scrutin d’octobre, au profit de son premier ministre Amadou Gon Coulibaly. Mais ce dernier est décédé brutalement le 8 juillet dernier d’un infarctus. 

Le 6 août, Ouattara a annoncé qu’il serait finalement candidat à un troisième mandat, alors que la Constitution limite à deux les mandats présidentiels.

Toutefois, selon les partisans de l’actuel chef de l’Etat, la réforme constitutionnelle de 2016 a remis les compteurs à zéro. Ce que réfute l’opposition.