Le mouvement de contestation qui réclame le départ du pouvoir en place au Mali a décidé de reporter un rassemblement à risques prévu vendredi dans un contexte hautement volatil.
Le mouvement dit du 5-Juin avait appelé à ce rassemblement à Bamako une semaine après une manifestation qui avait dégénéré en trois jours de troubles civils, les plus graves qu’ait connus la capitale depuis 2012.
Le mouvement a décidé mercredi de remplacer ce rassemblement par des cérémonies « sur tous les lieux de culte sur l’ensemble du territoire national », a annoncé dans un communiqué Ahmadou N’Dounga Maïga, porte-parole d’une composante du collectif qui porte communément ses messages. Il n’a pas fourni d’explication se contentant d’invoquer des raisons hautement stratégiques », selon l’AFP. Cette décision intervient alors que se poursuivent les efforts pour désamorcer la crise.
Le Mali a reçu mercredi une mission conduite par l’ancien président du Nigeria Goodluck Jonathan et composée de personnalités politiques et d’experts de pays de la Communauté des Etats ouest-africains (CEDEAO). Elle est censée rapprocher un pouvoir et une contestation apparemment irréconciliables.
Rappelons que Bamako a connu des affrontements qui ont fait 11 morts et 158 blessés selon le Premier ministre Boubou Cissé. Le Mouvement du 5-Juin fait état d’un bilan plus lourd.
Les leaders du mouvement de contestation, tout juste relâchés, avaient appelé mardi à un nouveau rassemblement « de recueillement et de prière » vendredi au monument de l’Indépendance. Ils avaient maintenu le mot d’ordre de « désobéissance civile » et leur exigence d’une démission du président Ibrahim Boubacar Keïta.
Le calme régnait mercredi à Bamako. Mais il reste précaire. La communauté internationale s’inquiète de cette escalade à l’issue imprévisible dans un pays déjà confronté au terrorisme, aux violences de toutes sortes et à la pauvreté, dans une région elle-même tourmentée.
Le Mouvement du 5-Juin canalise des mécontentements multiples et profonds, contre la dégradation sécuritaire et l’incapacité à y faire face, le marasme économique et social, la défaillance de l’Etat, ou le discrédit répandu d’institutions suspectes de corruption.