L’armée tchadienne est à nouveau meurtrie par une attaque terroriste trois mois après avoir assuré avoir chassé les éléments de Boko Haram de son territoire. Mercredi, au moins huit de ses soldats ont été tués et une dizaine blessée au passage de leur véhicule sur une mine.
L’armée du maréchal Idriss Déby Itno n’avait pas essuyé de perte sanglante depuis la terrible attaque d’une de ses bases à Bohoma le 23 mars 2020, où 98 soldats avaient péri. Dans la foulée, elle avait lancé une vaste offensive militaire en représailles, jusqu’en profondeur au Niger et au Nigeria.
Au terme de cette offensive militaire, le président tchadien Idriss Déby, au pouvoir depuis trente ans, avait assuré qu’il n’y avait « plus un seul terroriste sur l’ensemble de la zone insulaire » de la province du lac au Tchad.
Mais mercredi, « huit soldats tchadiens sont morts et 21 autres ont été blessés dans l’explosion de leur véhicule à son passage sur une mine de Boko Haram », ont déclaré deux haut responsables de l’armée tchadienne, cités par l’AFP sous couvert d’anonymat.
Les sources tchadiennes attribuent cette attaque aux « éléments de Boko Haram », tandis qu’une autre source nigériane, citée par l’AFP, en fait porter la responsabilité au groupe Etat islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP), faction ayant fait scission en 2016 du groupe Boko Haram.
Plus tard dans la journée de mercredi, des échanges de tirs ont aussi eu lieu entre des terroristes et l’armée tchadienne à Bakaram, situé dans la même région, selon cette source et l’autorité locale. Elles n’étaient pas en mesure pour l’heure de donner un bilan.
Née dans le nord-est du Nigeria en 2009, l’insurrection de Boko Haram s’est peu à peu propagée à ses voisins camerounais, nigérien et tchadien, particulièrement dans la région du lac Tchad, située à la frontière entre ces quatre pays.
Au seul Nigeria, l’insurrection a fait plus de 36.000 morts depuis 2009, et forcé près de 2 millions de personnes à fuir leurs domiciles.
L’attaque de mercredi est un coup dur porté à l’armée tchadienne et à son chef, Idriss Déby Itno. Le président a récemment été élevé au grade de maréchal par l’Assemblée nationale, pour avoir dirigé l’opération militaire fin mars, qui avait abouti à la mort de 1.000 terroristes, selon lui.
Depuis 2015, les quatre pays riverains du lac Tchad luttent contre ces groupes terroristes au sein d’une Force multinationale mixte (FMM). Mais ces derniers mois, son efficacité a été de plus en plus discutée à mesure que les attaques contre les militaires et les civils se sont multipliées dans les quatre pays.