La Belgique, ancienne puissance coloniale, a été appelée à présenter « des excuses », par l’élu belge d’origine congolaise Pierre Kompany.
Sur l’occupation belge du Congo « il y a eu trop de non-dits » a estimé Pierre Kompany, premier bourgmestre (maire) noir de Belgique, dans un entretien à l’AFP.
Ex-réfugié politique ayant fui la dictature de Mobutu, Pierre Kompany a acquis une notoriété mondiale en devenant le premier bourgmestre (maire) noir de Belgique, élu à la tête d’une commune de 25.000 habitants de l’agglomération bruxelloise, Ganshoren.
En Belgique, la mort de l’Afro-américain George Floyd a ravivé le débat sur les violences de la période coloniale au Congo et le rôle du défunt roi Léopold II, dont ce vaste territoire africain fut longtemps la propriété privée.
Pour Pierre Kompany, les statues de l’ancien souverain (qui régna de 1865 à 1909) auraient dû depuis des années être remisées dans les musées pour éviter les actes de vandalisme subis ces derniers jours.
Selon les historiens, la colonisation au XIXe siècle de l’actuelle RDC (ex-Zaïre), sous l’autorité de Léopold II, a été très brutale, marquée par le recours au travail forcé pour exploiter le caoutchouc. Des photos de mains coupées ont documenté les exactions.
« Il y a une réalité flagrante, elle n’est pas discutable », poursuit Kompany, qui appelle à « dire la vérité » à l’approche des 60 ans de l’indépendance le 30 juin 1960. Une occasion a été manquée en 2009 lors du centenaire de la mort de Léopold II, que l’Etat belge a refusé de célébrer, rappelle-t-il.
Pour assumer ce passé et l’enseigner à l’école, « la responsabilité appartient aujourd’hui d’abord à l’Etat belge ». « Si l’Etat présente ses excuses ça serait déjà beaucoup. Mais si la famille royale le fait aussi, elle en sortirait grandie ». « Les excuses doivent venir en fait de l’Etat et du Roi » Philippe, précise-t-il ensuite.