Alpha Condé n’ose toujours pas dire publiquement qu’il sera candidat à la présidentielle du mois d’octobre ; mais pose des actes qui ne laissent plus planer le moindre doute sur ses intentions. Il a imposé un référendum le 22 mars dernier et a concocté des résultats invraisemblables pour modifier la constitution qui lui interdisait de pouvoir postuler à un troisième mandat.
En pleine pandémie du coronavirus qui a emporté le président de la commission électorale nationale indépendante et beaucoup d’autres citoyens, il a bafoué toutes les précautions sanitaires pour organiser un simulacre de scrutin.
Bilan du coup de force : des dizaines de morts.
En son temps AC avait relaté tous ces évènements qui sont entrain de paver le chemin de la cour pénale internationale(CPI) à cet apprenti dictateur, ex-opposant obsédé de pouvoir, octogénaire en proie au naufrage de la vieillesse dont les mains sont tâchées de sang.
Aujourd’hui, il défraie encore la chronique dans une sortie médiatique où il affirme, en faisant semblant de poser une question : « pour quoi la question du troisième mandat ne se pose que lorsqu’il s’agit de moi ? »
C’est faux, la question du troisième mandat s’est posée dans tous les pays où la limitation constitutionnelle des mandats à deux existe.
C’est ainsi d’ailleurs qu’en Afrique de l’Ouest(où se situe la Guinée-Conakry), cette règle a été scrupuleusement respectée en Mauritanie, au Libéria, en Sierra-Leone, au Ghana, et le sera, cette année en Côte d’Ivoire (où le président Alassane Ouattara a annoncé qu’il ne sera pas candidat et a proposé à son parti la candidature du premier ministre Amadou Gon Coulibaly), au Niger, le président Issoufou ou en a fait de même et c’est le ministre Bazoum qui reprendra le flambeau pour la majorité présidentielle en 2021.
La seule exception est togolaise, les autres pays n’étant pas concernés, pour le moment. A l’évidence Alpha Condé ne dit pas la vérité car il n’est pas le seul président ciblé lorsqu’il s’agit de vélléité de briguer un troisième mandat illégal et anticonstitutionnel.
Joseph Kabila a tourné autour du pot, si on ose dire, avant de renoncer sagement. D’autres, il est vrai, en Afrique centrale notamment où la « présidence à vie est la règle et l’alternance, l’exception ont piétiné les Constitutions et dicté leur propre loi.
En Afrique de l’Ouest, les avancées démocratiques ont changé la donne et Alpha Condé le sait. C’est pour quoi il se lamente et louvoie, tout en continuant la mise en œuvre de son projet de « monarchisation » de la Guinée.
A 82 ans, il pourrait encore servir son pays à d’autres « stations » que celle de la magistrature suprême. Deux mandats suffisent largement et ont, du reste prouvé, l’étendue de son incompétence managériale.
Condé avance, toujours, masqué mais son masque est troué et laisse apparaître son museau de grand méchant loup (hyène serait plus appropriée en Afrique). Il faut souhaiter qu’une dernière éclaircie de lucidité irradie son esprit vacillant pour qu’il ne franchisse pas le Rubicon du coup de force de la candidature à un troisième mandat. Hélas, tout indique qu’il va y aller et va récolter un tsunami populaire. Le débat n’est pas personnel ; il est constitutionnel.
La Guinée est une démocratie, non une propriété privée.