L’Ethiopie, un des derniers marchés télécoms fermés au monde, s’apprête à ouvrir le secteur à de nouveaux entrants. L’autorité de régulation d’Addis Abeba a lancé aux entreprises un appel à « manifestation d’intérêt » pour deux nouvelles licences de télécommunications qui en finiraient avec le monopole d’Ethio Telecom.
Les autorités éthoipiennes prévoient également de vendre 40% des parts de l’opérateur public, une mesure qui, espèrent-elles, rendra l’entreprise plus efficace. La réorganisation du secteur des télécommunications est une pierre angulaire du programme de réformes économiques du Premier ministre Abiy Ahmed.
Et ce, malgré plusieurs grandes inconnues. Il s’agit notamment de savoir combien d’argent les entreprises extérieures devront débourser pour entrer sur le marché et à quoi ressemblera exactement le secteur réorganisé.
L’Autorité éthiopienne des communications (ECA), l’autorité de régulation, a laissé aux entreprises jusqu’au 22 juin pour présenter leur dossier de candidature pour les licences, selon l’AFP. Parmi les potentiels investisseurs figurent le français Orange et les entreprises de télécommunications Safaricom et MTN, respectivement kényane et sud-africaine.
Chacune des deux licences pourrait coûter plus d’un milliard de dollars (environ 912 M d’euros). Les entreprises devront également financer l’amélioration des infrastructures de télécoms, ralentie par des années de sous-investissement.
Pour les analystes, un tel montant représente une aubaine au regard de la population de l’Éthiopie (environ 110 millions d’habitants) et du nombre d’abonnés dont dispose actuellement Ethio Telecom (44 millions).
Pourtant, certains craignent que les opérations des entreprises extérieures soient limitées. Une directive de la Banque centrale publiée le mois dernier autorise les entreprises non financières à fournir des services financiers mobiles mais à condition d’être détenues localement.
Ce qui pourrait être un problème pour des sociétés comme Orange et Safaricom qui placent le paiement mobile au cœur de leur stratégie commerciale. En outre, l’Éthiopie est connue pour ses coupures prolongées du réseau internet pendant les périodes d’agitation politique et celle, pourtant même moins sensible, des examens scolaires.