Le président américain est dans une situation politique très difficile : l’impératif sanitaire du confinement, de la distanciation sociale et des gestes barrières imposé par la lutte contre la menace mortelle du coronavirus, empêche un redémarrage des activités économiques qui est « vital » pour sa réélection, au mois de mois de novembre.
C’est ainsi qu’il est entrain de remuer ciel et terre pour pousser à « une réouverture du pays si, dans deux semaines une baisse continuelle des contaminations et des décès est constaté », alors les Etats concernés pourraient passer à la phase 1 de son plan qui permet de « rouvrir » prudemment, en évitant les rassemblements de plus de 10 personnes, en laissant fermées les écoles qui le sont déjà, en respectant la distanciation sociale et en favorisant le télétravail.
Dans cette phase 1 les restaurants, les salles de sport et de cinémas et les lieux de culte peuvent ouvrir, en respectant la distanciation sociale. Les visites aux personnes âgées sont interdites. Ensuite, on passerait à la phase 2-si la pandémie reste maitrisée-pendant laquelle les écoles seraient ouvertes, les crèches aussi. Les cinémas, les salles de sport, les lieux de culte les restaurants etc. Les déplacements « non essentiels » autorisés. Toutefois les mesures d’hygiène et de distanciation sociales sont toujours recommandées.
Enfin, la phase 3 mettrait fin à toutes les restrictions. Mais depuis qu’il a révélé ce PLAN pour faire redémarrer l’économie, avec un ton apaisant et des mots bien choisis pour préconiser une progression prudente « un pas après l’autre », en prenant en compte l’évolution de la pandémie d’un Etat à l’autre, Trump a recommencé à attaquer les gouverneurs démocrates, notamment ceux du Michigan, de la Virginie et du Minnesota.
Il a exhorté les populations à « libérer » ces Etats où les gouverneurs continuent d’appliquer le confinement, mettant ainsi de l’eau dans le moulin de ceux qui protestaient. En agissant de la sorte Trump est en contradiction avec ses propres déclarations car il avait reconnu (après avoir soutenu le contraire) que ce sont les gouverneurs qui décident dans chaque Etat, dans ce domaine.
Les controverses sont comme le carburant dont Trump a besoin pour mener campagne dans cette période de défis pour lui. Le redémarrage de l’économie est vital pour l’Amérique et aussi pour sa campagne électorale car avec plus de 22 millions de chômeurs déjà et des pans entiers à l’arrêt (transports aériens, sports, cinémas, tourisme, industries diverses et variées, Trump va dans le mur. Et les sondages concernant sa gestion de la pandémie du coronavirus sont accablants, mettant en exergue son manque d’anticipation et, pire, son insouciance du début. Ses déclarations imprudentes lui seront rappelé par son adversaire démocrate Joe Biden, qui lui aussi est en campagne. Tout le monde souhaite la reprise économique, mais personne ne peut la décréter.
Le « pic » de la pandémie serait passé mais le simple constat est comme une gifle à la figure avec le nombre ahurissant de morts (plus de 37000 au moment où ces lignes sont écrites) et celui des cas de contamination qui atteint plus de 700 000. Les USA sont devenus l’épicentre de la pandémie, même si l’Europe compte beaucoup plus de morts (Italie, Espagne, France, Royaume Uni totalisent, ensemble plus de 75000 morts au moment où ces lignes sont écrites).
L’Europe compte pour plus de la moitié des 150000 décès dénombrés dans le monde, même si la Chine a réévalué, à la hausse le nombre de ses morts. C’est une nouvelle source de controverse pour Trump qui a critiqué les Chinois, en les accusant de dissimulation. Sur ce point, il a raison car Pékin avait cherché à camoufler la crise sanitaire au début et cela n’a pas été sans conséquence dans son évolution dramatique actuelle à l’échelle planétaire.
Pour le moment l’urgence demeure de combattre le coronavirus et de chercher des médicaments efficaces et un vaccin, en mettant l’accent sur les mesures pour contenir la propagation. La question de la réouverture de l’économie devient donc très complexe et Trump, dans son approche, semble l’avoir bien compris.
Il s’est voulu prudent et responsable, laissant la main aux gouverneurs. Ces derniers ont une lourde responsabilité à assumer vis à vis de leurs compatriotes et ont l’obligation de considérer d’abord et avant tout la sécurité sanitaire des citoyens. Ils exigent des dépistages massifs pour pouvoir envisager une réouverture sécurisée.
Le problème est qu’ils manquent de kits de dépistage et demandent l’aide de l’Etat fédéral qui lui même en manque. Il faudrait donc en fabriquer et en commander…à la Chine. Le même problème secoue les pays européens qui font des commandes à la Chine. La France a commandé 2 milliards de masques à la Chine.
Le dépistage est fondamental et l’Allemagne qui arrive à contenir la pandémie, l’a démontré.
Elle a mené des dépistages à grande échelle (100 000 par jour) et a pu, ainsi, circonscrire l’évolution de la pandémie, qui a contaminé plus de 141 000 personnes et provoqué plus de 4000 morts. Plus de 4 fois moins que ses voisins européens et presque 10 fois moins que les USA.
L’Allemagne envisage une réouverture de son économie et son exemple devrait être suivi par les autres. Il y a d’autres pays comme le Danemark qui a déjà rouvert et dont il faudrait s’inspirer si l’expérience est concluante.
Trump est pressé mais devrait prendre son mal en patience et éviter d’inciter à la révolte contre les gouverneurs démocrates. Mais la controverse est le moteur de l’action politique chez Trump et il ne va changer de stratégie.