Un musulman, mort du Coronavirus, a-t-il droit à un bain mortuaire ? Et comment se fera-t-il dans cette période de Coronavirus? Comment s’effectueront la prière mortuaire et l’inhumation du défunt? Peut-on recourir à la crémation (incinération) d’un musulman ? Autant de questions qui taraudent les esprits dans le monde musulman, au moment où on compte par milliers, les victimes du Coronavirus par jour !
Se fondant sur les principes de la méthodologie de la jurisprudence (Ossoul Al Fiqh), selon lesquels : “les cas de force majeure, autorisent l’usage des interdits”
الضرورات تُبيح المحظورات
et “repousser le mal est prioritaire à la quête de biens publics”
دَرْءُ المَفاسد مُقَدَّمً على جَلْب المَصَالح
les fouqaha ( jurisconsultes musulmans) ont traité ces questions, qui relèvent de la jurisprudence des cataclysmes ( Fiqh Anawâzil).
Il s’agit donc, de situations exceptionnelles qui exigent, une interprétation appropriée des interdits et recommandations de la sharia.
Voici quelques avis de jurisconsultes ( fatâwâ), rendus par des experts en la matière :
-Des fatâwâ ( avis juridiques islamiques) de commissions de jurisconsultes notamment ceux d’Egypte, du Kuwait et d’Iran, retiennent que la victime du Coronavirus peut se passer du lavage(le bain)mortuaire, compte tenu des risques avérés de contamination.
-Le linceul (couverture), peut être d’une matière outre que le tissu, habituellement utilisé. Il est préconisé des kits en plastique et un cercueil adéquat, qui se ferment de manière hermétique
-La tombe doit être plus profonde que d’habitude.
-Quant à la prière mortuaire, elle peut se faire sans la présence physique du cadavre, exactement, comme on le ferait pour un mort dont le cadavre ne serait pas disponible ( mort par noyade en mer profonde, incendie, etc.).
Il est même dit que la prière mortuaire pourrait ne pas être collective.
S’il y a une commission spéciale, chargée de l’inhumation, elle pourrait effectuer cette prière mortuaire conformément aux recommandations de l’islam.
Quid de la crémation ? Cette pratique qui consiste à incinérer le cadavre, est strictement interdite par l’islam…
En Iran, le ministère de la Santé a mis sur pied un protocole interdisant de remettre les corps des victimes du Covid-19 à leurs familles. Une commission spéciale, relevant des services de la santé est muse en place, laquelle se charge de toutes les formalités funéraires.
Il va de soi, que dans de telles situations, les cérémonies funéraires sont remplacées par la présentation de condoléances via le téléphone, afin d’éviter les rassemblements.
A noter que ces pratiques à l’endroit du mort, relèvent d’une obligation collective pour la communauté musulmane, en temps normal (فَرْض كِفاية). Dans des situations exceptionnelles, elles changent naturellement de forme.