Siège de la BCEAO (Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest) à Dakar.

Il y a quelques jours, le magazine Afrique Confidentielle tirait la sonnette d’alarme quant au mutisme et l’inaction des institutions financières du continent, qui tardaient à réagir pour apporter leurs contributions dans la lutte contre le Coronavirus.

La Banque centrale des États de d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) vient de prendre une batterie de mesures timides et mitigées, certains diront à trompe trompe-l’œil. La gendarme des banques d’Afrique de l’ouest prétend que ces mesures vont toutes dans le sens de soutenir les banques de la zone de l’Union des États d’Afrique de l’Ouest (UEMOA) et au-delà des banques, accompagner les entreprises qui sont menacées par une inévitable récession, qui pourrait naître de la crise engendrée par la pandémie Covid-19.

Les mesures se déclinent comme suit :

– Apporter une hausse de 340 milliards de francs C.F.A à la somme que la BCEAO accordait hebdomadairement aux banques, ce qui porte le montant global à 4.750 milliards de francs C.F.A.

-Faire la cotation de 1.750 entreprises privées dont les effets n’étaient pas acceptés auparavant dans son portefeuille. Ceci, permettra aux entreprises concernées de mieux négocier leurs conditions d’emprunt.

-Affecter le montant de 25 milliards de francs au fonds de bonification de la Banque Ouest africaine de Développement ( BOAD), pour lui permettre d’accorder une bonification de taux d’intérêts et d’augmenter  le montant des prêts concessionnels qu’elle accorde aux États dans le cadre du financement des dépenses d’urgence de lutte contre la Pandémie.

-Sensibiliser les banques à l’utilisation des ressources disponibles sur le guichet spécial de refinancement des crédits accordés aux Pme/Pmi.

– Mettre en place un cadre dédié, pour accompagner les entreprises affectées par les effets pervers de la pandémie du Coronavirus, les rendant incapables à rembourser les crédits contractés.

Ceci, permettra évidemment, le report des échéances de remboursement.

-Mener des négociations avec les entreprises d’émissions de monnaie électronique, en vue de réduire les coûts de transactions. Ceci, dans le but d’encourager les utilisateurs à recourir à des moyens de paiement digitaux pour mieux éviter les contacts physiques et les déplacements des individus et contribuer à la stricte observance des mesures de confinement.

-Organiser le réaménagement du calendrier d’émissions des titres publics sur le marché financier régional.

-Approvisionner les banques en billets, en quantité et en quantité suffisantes, afin de leur permettre d’assurer la permanence du fonctionnement normal des guichets automatiques de banques (GAB).

Il faut cependant souligner que l’on attendait de la BCEAO des mesures plus hardies. Par exemple, pour assurer la liquidité, il serait préconisé les mesures suivantes :

-Suspension temporaire du mécanisme d’enchères hebdomadaires et mensuelles ;

-Accès à l’ensemble des demandes des banques basées sur des actifs éligibles au refinancement et ce, au niveau du taux de base ;

-Mise en place d’un mécanisme, dans des proportions à définir, de lignes non collatéralisées, à un taux préférentiel, fléchées sur le soutien aux entreprises et institutions impactées, avec un reporting à convenir de commun accord ;

Il est aussi fortement souhaité :

-Une revue à la baisse du taux de réserves obligatoires et des taux directeurs de la BCEAO de 4,5 à 3% ;

 

Au niveau des règles prudentielles, les spécialistes des politiques financières attendent de la BCEAO :

-Mise en place d’un dispositif spécial pour le traitement des réaménagements de crédits liés au Covid-19 ;

– Accorder des délais additionnels pour les reportings et remontées d’informations auprès de l’institution sous-régionale.

Ainsi, la BCEAO a certes été réactive, mais ses mesures n’ont pas été à la hauteur des espérances attendues.