Le parti du président camerounais Paul Biya, au pouvoir depuis 37 ans, a remporté vendredi sans surprise une majorité écrasante aux législatives du 9 février. Des élections marquées par le boycott d’une partie de l’opposition.
Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) a ravi 139 sièges sur 180, selon des résultats partiels rendus publics vendredi par le Conseil constitutionnel. La participation a été « modérée », à 45,98%, selon le président du Conseil, Clément Atangana, cité par l’AFP.
Il a présenté des résultats pour 167 des 180 sièges de l’Assemblée, puisque les scrutins pour 13 députés dans onze circonscriptions des deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, avaient été annulés.
Les électeurs de ces zones ravagées par un sanglant conflit séparatiste, qui avaient complètement boudé les urnes, soit par sympathie pour les indépendantistes anglophones, soit par crainte des représailles de leurs groupes armés, seront de nouveau appelés à voter dans un délai de 20 à 40 jours.
A l’annonce de la tenue du scrutin, reporté à deux reprises depuis 2017, une partie de l’opposition avait choisi de le boycotter, invoquant notamment les combats impitoyables entre l’armée et les groupes sécessionnistes dans ces zones habitées par la minorité anglophone, mais aussi les exactions et crimes commis, selon les ONG internationales, par les deux camps. Plus de 3.000 personnes y ont été tuées et plus de 700.000 forcés de fuir leurs domiciles en trois ans, selon les ONG.
Les élections partielles à venir ne remettront en aucun cas en cause l’archi-domination du RDPC et de ses alliés. Le parti du président Biya, 87 ans, devance déjà largement tous ses concurrents réunis, raflant 139 sièges, contre 148 dans l’Assemblée sortante, élue en 2013. Il est suivi d’un de ses alliés, l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP), qui remporte 7 sièges.
Principal parti d’opposition représenté dans l’Assemblée sortante jusqu’à présent, le Social Democratic Front (SDF) n’obtient que 5 sièges, contre 18 en 2013.
Le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto, arrivé deuxième à la présidentielle de 2018, avait appelé à boycotter le scrutin, et n’est donc plus représenté à l’Assemblée ni dans les conseils municipaux. Le MRC avait mis en avant le risque de violences dans les régions anglophones.