Le patron de Credit Suisse Tidjane Thiam, l’un des visages les plus connus de la finance mondiale, a pris la porte vendredi, emporté par un scandale d’espionnage d’anciens cadres dans lequel il a toujours nié être impliqué.
Tidjane Thiam, un Franco-ivoirien de 57 ans, quittera ses fonctions le 14 février, après la présentation des résultats annuels de la banque, a annoncé le numéro deux du secteur bancaire helvétique dans un communiqué, relayé par l’AFP. Il sera remplacé par le Suisse Thomas Gottstein, un cadre de longue date au sein de Credit Suisse, où il est entré en 1999 après des débuts chez UBS.
Depuis septembre, Credit Suisse est secouée par des révélations concernant la surveillance de son ancien directeur de la gestion internationale de fortune, Iqbal Khan, après son départ inattendu pour rejoindre la banque concurrente UBS. Les remous ont enflé au fil des révélations dans la presse suisse, secouant le monde habituellement feutré de la finance helvétique.
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Filature rocambolesque dans les rues de Zurich, inimitiés personnelles et querelles de voisinage entre Thiam et Khan… les fuites embarrassantes dans la presse suisse avaient poussé la banque à ordonner une enquête interne, confiée à un cabinet d’avocats.
Début octobre, en publiant ses premières conclusions, Credit Suisse avait annoncé le départ avec « effet immédiat » de Pierre-Olivier Bouée, directeur opérationnel, proche de M. Thiam et présumé « seul » responsable.
Selon cette enquête, ce cadre considéré comme le bras droit de M. Thiam, avait ordonné cette surveillance, de sa propre initiative, sans en référer à sa hiérarchie. Avec pour objectif de protéger les intérêts de la banque en s’assurant que M. Khan ne cherchait pas à convaincre des membres de son équipe de le rejoindre chez un concurrent.
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Mais l’affaire avait connu un nouveau rebondissement en décembre, lorsque la banque avait reconnu un second cas d’espionnage visant cette fois l’ancien directeur des ressources humaines, avant de rejaillir à nouveau début février avec de nouvelles révélations dans la presse dominicale.
En remettant sa démission, M. Thiam a réaffirmé ne pas avoir été au courant de ces filatures. Diplômé de l’école Polytechnique et de l’Ecole des mines de Paris, M. Thiam avait pris les commandes de la banque en 2015 après avoir repositionné avec succès l’assureur britannique Prudential. Doté d’une réputation solide, il avait été qualifié par certains tabloïds suisses d’ « Obama de la finance ».