C’est le 4 avril 2019 que les forces du Maréchal Khalifa Haftar avaient lancé un assaut qu’elles voulaient décisives sur la capitale Tripoli. Près de dix mois après, ces mêmes forces semblent s’enliser dans le bourbier de la capitale. Le Maréchal aurait mal apprécié la capacité de résistance des tribus armées qui entourent Tripoli. Avec l’intervention des forces turques, décidée par le Président Turc Recep Tayyip Erdogan, le rapport de force est ébranlé. Le président du Conseil du Gouvernement d’Union nationale ( GNA) Fayez Al-Sarraj qui doit son salut aux milices des tribus, aurait signé d’importants contrats avec son ami Erdogan, qui, en contrepartie, vole au secours du régime de Serraj, sous prétexte, de défendre la légitimité internationale. Il y a quelques jours, Afrique Confidentielle avait signalé la présence de combattants jihadistes, convoyés de la Syrie aux frais d’Erdogan, ce qui aura contribué à retarder la prise de Tripoli par les forces du Maréchal Haftar.
Alors que les regards se tournaient vers une bataille décisive autour de la capitale, voilà que le Maréchal use de son savoir-faire militaire pour changer de stratégie en déclenchant une offensive ce lundi 6 janvier 2020. Les forces pro-Serraj n’ont pas apporté une grande résistance et le général qui commandait la zone a reconnu la reddition de ses troupes. Pourtant, Syrte et Misrata sont deux grandes villes d’une extrême importance dont la perte pourrait coûter cher aux forces adverses du Maréchal Haftar.
Pour les forces pro-Serraj, « Haftar a l’avantage de disposer d’appareils militaires aériens, ce dont nous ne disposons pas jusqu’à présent ».
Le pari risqué d’Erdogan
Depuis deux jours, Erdogan a sollicité et obtenu le quitus du parlement pour l’envoi officiel de troupes turques en Libye et a entamé leur déploiement dans la capitale libyenne. Il est vrai que l’intervention turque est motivée par plusieurs raisons : Erdogan tient à protéger ses frères musulmans, parties prenantes du Gouvernement d’Union nationale d’El-Serraj, défend ses intérêts mercantiles nés des accords avec Serraj et cherche à se positionner militairement dans la zone, etc. Cependant, les choses ne seront pas faciles pour la Turquie, car son intervention pourrait pousser les milices des tribus dans les bras du Maréchal Haftar, qui verront les Turcs comme des envahisseurs extérieurs. La prise lundi de la ville stratégique de Syrte par les troupes de Haftar, montre que le Maréchal n’a pas encore dit son dernier mot. Mieux, en changeant de stratégie, le chef de l’ANL (Armée nationale libyenne), peut créer une diversion qui éblouirait ses ennemis, appuyés par des Turcs qui connaissent moins le terrain. La prise Syrte pourrait être le prélude à la prise d’autres villes comme Misrata et El- Beyda.
Ensuite, l’intervention turque pourrait occasionner l’engagement de forces égyptiennes aux côtés de Khalifa Haftar, car, l’Égypte, est un des grands alliés du Maréchal Haftar.