Embalo a réussi sa « REMONTADA » et battu de manière nette et claire son rival Domingo Simoes Pereira.
Ainsi le report des voix des candidats classés troisième, Nabian (13%), quatrième Vaz (12%) et cinquième Cadogo (2%) s’est réalisé de manière parfaite, ou alors des partisans du candidat du PAIGC (DSP) ont fait défection et voté Embalo.
Quoiqu’il en soit la victoire du candidat du MADEM rebat les cartes politiques en Guinée-Bissau où la prééminence du parti PAIGC est écornée. Les nouvelles générations ne se reconnaissent plus dans cette formation qui a certes libéré le pays du colonialisme portugais, mais qui s’est ankylosée, minée par des querelles de leadership et de personnes.
D’ailleurs le MADEM est constitué de transfuges du PAIGC, dont Embalo qui accède à la présidence de la République à 47 ans. L’homme est assurément un battant qui a su tisser sa toile et s’imposer.
La prouesse qu’il a réalisée en faisant une razzia sur presque tous les recalés du premier tour est exceptionnelle. Sa remontada va rester dans les annales politiques. Il lui reste maintenant le plus difficile : réunifier le pays et cicatriser les blessures.
La défaite de Pereira est aussi liée au fait que d’éminents membres du PAIGC lui ont tourné le dos, comme Cadogo et surtout le président sortant Vaz, dont la gestion a été erratique.
L’équation qui demeure est que le PAIGC reste majoritaire au Parlement, même si cette majorité est fragile. Dans l’état actuel de la Constitution du pays, le poste de premier ministre revient au PAIGC.
Il est vrai qu’avec sa victoire éclatante Embalo a une grande marge de manœuvre et n’aura, peut-être pas besoin d’engager un bras de fer. Et, ce d’autant que DSP lui avait téléphoné, pendant l’attente des résultats, pour lui dire qu’il respecterait le verdict des urnes et se mettrait à sa disposition pour l’aider.
S’il tient parole, et il a intérêt à le faire, les choses devraient évoluer positivement. Du reste son avenir à la tête du PAIGC sera problématique.
Embalo est un conquérant, à lui de relever le défi de la gestion du pouvoir, sur la longue durée. Une autre paire de manche.