Rassembler la société civile et une classe politique divisée autour d’une table pour relever un Mali en guerre: tel est le credo affiché par les autorités pour le dialogue politique qui s’ouvre à Bamako samedi.
Ce « dialogue national inclusif » durera du 14 au 22 décembre. Il doit permettre au président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) de reprendre la main, lui qui paraît isolé après un automne sanglant où plus de 140 soldats maliens ont perdu la vie dans des attaques terroristes, sans que les autorités n’arrivent à endiguer la violence.
L’idée est de dégager la démarche politique qui, d’un avis largement partagé, doit aller de pair avec la réponse militaire face à une crise qui n’est pas seulement sécuritaire, mais multiforme : humanitaire, étatique, économique, voire climatique. Ce dialogue aura lieu dans un climat de pessimisme face à l’évolution de la situation au Mali et au Sahel.
Le Niger a perdu mardi 71 soldats lors de combats avec les terroristes près de la frontière malienne, selon un bilan officiel. Cela a conduit l’Élysée à annoncer le report d’une rencontre prévue lundi entre Emmanuel Macron et ses homologues du Sahel et destinée, selon les mots du président français, à « re-clarifier le cadre et les conditions politiques » de l’intervention militaire française dans la région.
Le dialogue malien se tiendra lui-même sans les principaux opposants du président Keïta. Soumaïlé Cissé, arrivé second à la présidentielle de 2018, a décliné l’invitation. Les anciens Premiers ministres Modibo Sidibe et Cheick Modibo Diarra, anciens candidats à la présidentielle eux aussi, tournent également le dos, selon l’AFP.
« Même si toute la classe politique avait participé, il y a cette idée que ce dialogue inclusif est une conférence nationale d’entente bis », estime Brema Ely Dicko, professeur de sociologie à Bamako, cité par l’AFP. Cette conférence nationale d’entente avait rassemblé l’opposition et la majorité en 2017, en amont des élections de 2018.
Les principales recommandations en avaient été de dialoguer avec les chefs de guerre Amadou Koufa et Iyad Ag Ghali. Cette option étant rejetée par Bamako et son allié français, la préconisation n’avait pas été suivie d’effet.