Une invitation pour certains, une convocation pour d’autres. La dernière sortie médiatique du président de la France, Emmanuel Macron, en marge du sommet de l’Otan à Londres, a fait couler beaucoup d’encre en Afrique.
En effet, la convocation par le locataire de l’Élysée d’une réunion de « clarification » avec les pays du G5-Sahel, le 16 décembre à Pau, en France, a suscité des réactions des plus controversées. « Je ne peux, ni ne veux avoir des soldats français sur quelque sol du Sahel que ce soit, alors même que l’ambiguïté persiste à l’égard de mouvements antifrançais, parfois portés par des responsables politiques » a déclaré le président français.
Aussitôt, les médias africains, mais également les commentateurs sur les réseaux sociaux, ont fustigé ces propos notamment le ton « catégorique et sévère », avec lequel Macron a exigé des présidents mauritanien, malien, burkinabé, nigérien et tchadien, composant la coalition militaire du G5 Sahel face aux groupes terroristes, « qu’ils clarifient et formalisent leur demande à l’égard de la France et de la communauté internationale. Souhaitent-ils notre présence ? Ont-ils besoin de nous ? Je veux des réponses claires et assumées sur ces questions. »
Pour plusieurs, cette sortie médiatique rappelle la « Françafrique ». L’invitation française qui s’apparente plus à une convocation de la part de l’ex-puissance coloniale a été très critiqué par le site d’informations Mauritanien, Kassataya. « Le ton utilisé par le président français s’apparente au cher paternalisme de la France pour remettre les brebis égarées dans les rangs », a souligné le journal.
Plusieurs autres médias rappellent d’ailleurs que l’opération Barkhane, lancée en 2014 ne permet toujours pas d’éradiquer la menace terroriste, au Mali mais aussi au Burkina Faso où la montée de groupes armés se confirme et les massacres de civils et des soldats se multiplient. « Un échec qui nourrit le mécontentement des populations, fustigeant une nouvelle forme d’occupation », lit-on sur les colonnes des journaux du continent.
C’est d’ailleurs dans cette même optique que le quotidien burkinabé Wakat Séra espère que les chefs d’État africains rappelleront à leur homologue français que leurs troupes payent également un lourd tribut. « Certes, un mort est toujours de trop et on ne peut que pleurer avec la France la quarantaine de ses fils tués au Sahel dans ce combat contre le terrorisme qui s’éternise, mais les Forces de défense et de sécurité, du Mali, du Burkina Faso, du Niger et du Tchad ne sont même plus en mesure de compter leurs morts, de vaillants soldats tombés courageusement dans une guerre où la puissance de feu de l’ennemi est toujours plus forte » souligne le journal.
« Une chose est certaine, même si la formule d’invitation rappelle les temps coloniaux, il importe de discuter en mettant de côté, pour la France tout esprit paternaliste, et pour les Africains cette passion et ce nationalisme exacerbés d’un autre siècle », toujours selon la même publication.