C’est devenu un classique de la justice américaine. Trois personnes, qui ont passé 36 ans en prison pour un meurtre qu’ils n’ont pas commis, viennent de quitter la prison ce mardi après que les procureurs eurent déterminé qu’un autre homme était derrière le crime.
« Alfred Chestnut, Ransom Watkins et Andrew Stewart, trois afro-américains ont quitté une prison de Baltimore, près de Washington DC suite à la décision du juge Charles Peters qui a prononcé l’annulation de leur condamnation et leur a présenté ses excuses au nom du système judiciaire américain », a rapporté la presse américaine.
À la sortie de la prison au milieu des membres de la famille et des proches des ex-détenus, Ransom Watkins a déclaré que son voyage ne fait que commencer. « À l’intérieur, je déteste de le dire comme ça, mais nous avons vécu un enfer », a-t-il affirmé.
Les trois hommes étaient adolescents lorsqu’ils ont été arrêtés le jour de Thanksgiving en 1983, sous le motif qu’ils ont mortellement blessé DeWitt Duckett, 14 ans, au cou dans une tentative de vol de sa veste alors qu’il se rendait à l’école. Les suspects ont été reconnus coupables et condamnés à la perpétuité.
Mais l’année dernière, l’unité de l’intégrité des condamnations de Baltimore a rouvert le dossier, après que l’un des mis en cause eut obtenu des documents sous scellés révélant que les procureurs avaient dissimulé des preuves incriminant un autre adolescent, qui avait été abattu par balle presque 20 ans plus tard. Les enquêteurs ont rapidement déterminé que les témoins n’avaient pas identifié les hommes faussement incriminés dans une file d’attente et avaient été contraints de modifier leur témoignage.
« Les exonérations d’aujourd’hui ne sont pas une victoire », a déclaré le procureur d’État de Baltimore, Marilyn Mosby, à l’issue de l’audience. « On a volé à ces trois hommes 36 ans de leur vie alors qu’ils n’avaient que 16 ans. Nous ne pourrons jamais réparer les dommages causés. Il est temps que nous reconnaissions tous notre rôle dans la détention des hommes innocents derrière les barreaux », a-t-elle ajouté, en promettant de se battre pour une compensation pour les trois hommes.
Une nouvelle affaire qui rappelle la fameuse affaire de la joggeuse de Central Park datant de 1989. Il s’agit d’une affaire criminelle concernant le viol et les graves blessures infligées à Trisha Meili, une Américaine blanche de 28 ans, qui faisait du jogging. Ce crime est rapidement présenté dans les médias comme un acte effectué par un gang. La violence et la sauvagerie sont exposés avec le terme wilding, un supposé passe-temps à la mode d’agresser gratuitement les passants dans la rue. Cinq des adolescents arrêtés dans les heures suivant ces agressions passent devant un jury populaire et sont condamnés à des peines de prison. Ils sont connus sous le nom de Central Park Five.
En 2002, Matias Reyes, un tueur en série, avoue être le seul coupable de l’agression de Trisha Meili. Les cinq de Central Park ont obtenu un dédommagement de la ville de New York à hauteur de 41 millions de dollars. Rien que pendant le mois de septembre dernier, le Maryland a approuvé des versements d’un montant total de 9 millions de dollars pour cinq hommes emprisonnés à tort, pour une durée totale cumulée de 120 ans. Un homme qui avait passé 38 ans en prison a ainsi reçu 3 millions de dollars.