L’ex-premier ministre et challenger du président Mahamadou Issoufou a regagné son pays hier, après trois ans d’exil en France.
Personnalité de premier plan au Niger, Hama, comme on l’appelle familièrement est incontournable sur l’échiquier politique national. Il a fallu à Issoufou d’utiliser des méthodes de gangster pour l’écarter lors de la présidentielle d’abord en le faisant incarcérer -ainsi il n’a pas pu faire campagne pour le second tour alors qu’il était qualifié-, ensuite, en le faisant « déporter » en France.
Depuis Hama vivait dans la capitale française, sans pouvoir retourner chez lui. Un exil forcé lui a été imposé qui a pris fin, hier. Si Issoufou a accepté que Hama revienne, c’est parce qu’il a compris qu’ayant choisi de ne plus se représenter, en 2021, il avait intérêt à « libérer » son principal opposant.
Pour crédibiliser son action qui vise à lui tailler de nouveaux habits de « démocrate, respectueux de la limitation des mandats ». Mieux vaut tard que jamais !
Toutefois, Issoufou n’a aucune intention de laisser le jeu démocratique se dérouler normalement. Ce serait trop risqué pour lui, même, et surtout en dehors du pouvoir. C’est pour quoi, il a choisi son successeur, Mohamed Bazoum, actuel ministre de l’intérieur. Ce dernier est un homme de qualité qui pourrait tirer son épingle du jeu.
Le problème qui demeure est que Hama pourrait encore être empêché d’être candidat en 2021, du fait de sa condamnation dans l’affaire surréaliste de « trafics de bébés » dans laquelle le régime Issoufou l’a impliqué, avec sa femme, pour le salir.
Le retour de Hama est certes une victoire politique -encore une-, mais ce n’est qu’une victoire d’étape. Si Issoufou décide d’aller jusqu’au bout de la logique de la transparence démocratique ; alors il devrait laisser Hama compétir légalement et en toute liberté.
Le dernier mot pourrait revenir aux Institutions chargées de valider ou non les candidatures. L’échéance de 2021 n’est plus éloignée et le retour de Hama rebat les cartes au Niger.
Il n’en reste pas moins que Mohamed Bazoum, dauphin désigné de Issoufou et, candidat de son parti à l’élection présidentielle de 2021, est encore ministre de l’intérieur, un poste important pour peser sur l’organisation du scrutin.
Raison pour laquelle, les opposants demandent qu’il quitte ce ministère. Mais, pour le moment Bazoum fait la sourde oreille.