L’ex-chef des Jeunes patriotes ivoiriens, Charles Blé Goudé, en liberté conditionnelle au Pays-Bas dans l’attente d’une décision de la Cour Pénale internationale (CPI), sera jugé par un tribunal de son pays pour des crimes présumés commis entre 2010 et 2011.
Blé Goudé sera jugé notamment pour des « faits concernant des actes de torture, homicides volontaires, viol. Il y a une décision de renvoi devant le tribunal criminel », a déclaré le procureur général de la Cour d’appel d’Abidjan Léonard Lebry, cité par l’AFP. Ce dernier a souligné qu’il ne disposait pas encore de la “requalification pénale” exacte des faits.
Le procureur général a réfuté tout agenda politique dicté par le pouvoir à moins d’un an de la présidentielle de 2020 qui s’annonce tendue. Des membres de l’opposition estiment que le pouvoir du président Alassane Ouattara met tout en œuvre pour empêcher le retour au pays de l’ancien président Laurent Gbagbo, également en liberté conditionnelle en Europe (en Belgique) dans l’attente de la décision de la CPI.
Une accusation renforcée par la récente décision (mardi) de la justice ivoirienne qui a confirmé en appel la condamnation à 20 ans de prison de Gbagbo. En janvier 2018, l’ancien président avait été condamné, ainsi que trois coaccusés, à 20 ans de prison pour le « braquage » de la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) pendant la crise post-électorale de 2010-11.
Concernant Blé Goudé et la CPI, le procureur général Lebry a assuré qu’il « n’y a pas identité des poursuites entre les faits jugés par la CPI et ceux examinés en ce moment par les juridictions ivoiriennes non seulement parce qu’ils ne concernent pas les mêmes événements mais ensuite parce qu’ils ne couvrent pas la même période. Celle visée par les poursuites en Côte d’Ivoire est plus large ».
Blé Goudé, ainsi que l’ancien président Laurent Gbagbo ont été acquittés en première instance de crimes contre l’humanité par la CPI. Mais ils attendent en liberté conditionnelle l’examen de l’appel de la procureure par la CPI. Ils ne peuvent pas rentrer en Côte d’Ivoire tant que la procédure n’est pas terminée.
Blé Goudé, qui a déclaré avoir des ambitions présidentielles à long terme (après celle prévue en 2020), était dans les années 2000 surnommé « le général des rues » pour sa capacité à mobiliser les partisans du président de l’époque, Laurent Gbagbo, grâce au mouvement des Jeunes patriotes, souvent qualifié de milice.
Ses détracteurs et les ONG internationales considèrent qu’il a été un des principaux acteurs de la montée de la tension en Côte d’Ivoire dans la décennie 2000, qui a culminé en 2010-2011 dans les violences post-électorales ayant fait plus de 3.000 morts.