Le président Vaz persiste et défie la communauté internationale ainsi que la CEDEAO.

La Guinée-Bissau est au bord du précipice d’une nouvelle crise politique majeure à 20 jours de l’élection présidentielle. L’homme qui attise le feu et sème la zizanie n’est autre que le président Jose Mario Vaz qui a décidé de nommer un nouveau gouvernement de manière illégale.

En effet, depuis le sommet de la CEDEAO (communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) du mois de juin, une feuille de route avait été adoptée pour laisser le président Vaz, en place, malgré l’expiration de son mandat.

Le premier ministre Aristides Gomez et son gouvernement ayant la charge de mener le pays aux élections présidentielles du 24 novembre. C’est cette feuille de route communautaire que Vaz a violée en nommant un nouveau premier ministre en la personne de Faustin Imballi, jeudi dernier. Dans la foulée un nouveau gouvernement a été mis sur pied.

Ainsi le pays se retrouve avec deux gouvernements, ce qui a poussé les responsables de la CEDEAO de dépêcher le ministre nigérien des Affaires étrangères, Kalla Akourao sur place, à la tête d’une délégation.

Il a rencontré le président Vaz qui ne s’est pas montré coopératif, et qui, au contraire s’entête à vouloir passer outre les décisions des chefs d’État consignées dans la feuille de route du mois de juin.

Vaz est clairement dans une attitude de défiance et de confrontation. Il est candidat indépendant à la présidentielle et a certainement des soucis à se faire face au candidat du parti historique, PAIGC, dont il était membre.

Depuis 2015 il s’est mis à dos ses anciens camarades de parti, en limogeant Domingo Simoes Pereira, alors premier ministre, en tant que leader de la formation majoritaire au Parlement.

Les relations entre les deux hommes sont tellement mauvaises que Vaz devrait craindre, pour son avenir dans le pays, si jamais le candidat du PAIGC remporte le scrutin du 24 novembre.

Vaz joue donc très gros dans cette présidentielle, et cela n’est certainement pas étranger à son comportement belliciste actuel. En vérité, il n’a pas les moyens d’imposer et de gagner un bras de fer avec la CEDEAO.

Il s’y ajoute que toute la communauté internationale est en phase avec la CEDEAO dont la feuille de route vise à éviter à la Guinée-Bissau une nouvelle crise aux conséquences imprévisibles. Et qui pourraient impacter négativement toute la sous-région déjà en proie à des actes terroristes quasi-quotidiens qui déstabilisent le Mali et le Burkina, entre autres.

Sans oublier le trafic de drogue dont l’ampleur est plus qu’inquiétante, au vu des saisies records opérées au Sénégal (plus de 2 tonnes de cocaïne en 4 mois et en Guinée-Bissau, 2 tonnes, aussi).

La Guinée-Bissau est gangrénée par le trafic de drogue depuis longtemps et son instabilité politique a beaucoup favorisé les « affaires » des narco-trafiquants plus actifs que jamais en Afrique de l’Ouest, lieu de transit vers l’Europe.

Ce qui se joue en Guinée-Bissau intéresse toute l’Afrique et devrait intéresser le reste du monde car ce petit pays est au carrefour de multiples chemins tortueux et dangereux pour la sécurité internationale.

On comprend donc pourquoi, à l’issue de son séjour à Bissau, M. Akourao a annoncé l’organisation d’un sommet extraordinaire de la CEDEAO consacré à la situation dans ce pays le 8 novembre prochain, à Niamey. Il y a urgence à calmer les esprits à Bissau pour permettre la tenue d’élections libres et transparentes le 24 novembre.

Vaz doit être ramené à la raison pour qu’il respecte les dispositions de la feuille de route de la CEDEAO. S’il persiste dans son option illégale, alors il en subira les conséquences.

La CEDEAO a déjà montré, avec le cas du dictateur Yahya Jammeh, qu’elle a les moyens et la volonté politique, d’agir efficacement pour imposer ses décisions.