Le Mali était en émoi dimanche après la mort depuis vendredi d’au moins 51 de ses soldats dans deux attaques terroristes séparées qui allongent une série meurtrière.
Le Mali est en émoi et compte ses soldats morts au front : fin septembre, au moins 40 soldats tués dans l’attaque de camps militaires dans le centre du pays, vendredi, au moins 49 dans l’attaque d’un camp militaire dans le Nord-Est, samedi, deux dans l’explosion d’un engin explosif dans le Centre.
Trois groupes distincts ont attaqué la base militaire de façon simultanée, selon un rapport interne onusien, relayé par l’AFP. Samedi, le groupe État islamique (EI) a revendiqué l’attaque, dans un communiqué signé de sa « Province Afrique de l’Ouest », ainsi que la pose d’une bombe artisanale dans la même zone de Ménaka qui a tué le même jour un soldat français de l’opération Barkhane (déployée au Sahel depuis 2014, 4.500 hommes).
La construction du camp d’Indelimane a de fait été appuyée par les partenaires du Mali -la mission de l’ONU au Mali (Minusma, 13.000 hommes) et Barkhane- en mars 2018. Des patrouilles conjointes ont été organisées par le passé entre l’armée malienne et la force française dans la zone.
Cette nouvelle attaque, un mois après celles des camps de Mondoro et Boulkessi (centre), suscite des interrogations sur les capacités d’action de l’armée malienne dans cette région où se trouvent les frontières de plusieurs pays, notamment le Niger et le Burkina-Faso, touchés eux aussi par les attaques terroristes.
Le président Ibrahim Boubacar Keïta ne s’est pas encore exprimé publiquement sur les événements de vendredi et samedi. Il avait appelé à plusieurs reprises les Maliens à soutenir leur armée, en reconnaissant toutefois que « nos moyens deviennent limités » et que ce qui s’était passé à Boulkessi « pourrait malheureusement survenir encore ».
Cette région dite des “trois frontières” entre Mali, Burkina et Niger, est la zone d’action du groupe EIGS depuis sa création en 2015. Le groupe est emmené par Adnan Abou Walid Al-Sahraoui, ancien membre du Front Polisario dans les années 1990 qui a été dans les années 2010 un des principaux responsables du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) un des groupes terroristes qui avaient pris le contrôle du nord du Mali en 2012.
Il avait fait dissidence en mai 2015 pour prêter allégeance à l’EI. Présent dans la zone de Ménaka, dans l’ouest du Niger et dans l’est du Burkina Faso, l’EIGS avait notamment revendiqué l’attaque de Tongo Tongo, en octobre 2017 au Niger, qui avait coûté la vie à quatre soldats américains et quatre militaires nigériens.