Que le port de Dakar soit un lieu de transit pour le trafic de cocaïne ne fait plus l’ombre d’un doute avec la multiplication des saisies records opérées par les pandores sénégalais ces derniers mois.
Fin juin 2019, deux saisies records de plus d’une tonne de cocaïne ont été faites dans des véhicules en provenance du Brésil et devant être livrés en Angola. Le transporteur italien Grimaldi est épinglé, ses bateaux arraisonnés et les membres de l’équipage interpelés. L’enquête suit son cours.
Hier, ce sont 43 kilos de cocaïne qui ont été découverts dans un véhicule en provenance d’Anvers. Le modus operandi est le même : de la drogue cachée dans des véhicules en transit à Dakar, pour une autre destination. La voiture de marque Kia (celle dans laquelle les 43 kilos étaient cachés) devait être livré en Gambie.
Ce qui est déroutant, cette fois-ci, c’est que la drogue serait « exportée » à partir de l’Europe vers l’Afrique ? Alors que la route des criminels de la poudre blanche emprunte, d’habitude, l’axe : Amérique du Sud/Europe, via l’Afrique de l’Ouest. Mais, il faut attendre d’éventuels rebondissements parce que les trafiquants ont plus d’un tour dans leur sac.
Les douaniers sénégalais aussi ont démontré leur perspicacité et leur ténacité, en réussissant à déjouer les plans les plus ingénieux qui sont élaborés par les dealers. Pourtant, il faut s’inquiéter de la multiplication des saisies au port de Dakar car cela montre que les vendeurs de drogue ne sont guère intimidés, ni découragés par les pertes qu’ils subissent et la menace qui existe pour démanteler leurs réseaux.
Pour expliquer le fait qu’ils persistent à cibler le port de Dakar, on peut avancer deux hypothèses au moins : « Malgré l’importance des saisies, l’enjeu en vaut la chandelle car il y a de la drogue qui passe. Le réseau pour le transit à Dakar n’est toujours pas totalement démantelé ».
Il y a aussi la situation politique tendue à Bissau -qui était le lieu de passage habituel (2 tonnes ont été saisies, il y a 3 mois)- qui oblige les trafiquants sud-américains à se « déporter » sur le port de Dakar, à leurs risques et périls.
Dans le contexte actuel, les effectifs doivent être renforcés pour favoriser une lutte plus efficace contre des trafiquants qui ne reculent devant rien. Et qui ont la collaboration de grands groupes de transports maritime, tel que prouvé par les saisies dans des bateaux. La responsabilité des armateurs est engagée et la main de la justice doit frapper en conséquence.
Le « menu fretin » local arrêté n’a ni les moyens ni les connections pour disposer de bateaux aussi gigantesques. C’est dire qu’une coopération avec les États européens est un impératif.
La destination de la drogue, c’est l’Europe où vivent les consommateurs qui ont les moyens financiers pour acheter. Si on comprend que les « transitaires africains qui aident à acheminer la drogue » ont souvent partie liée avec les terroristes, alors on voit l’urgence d’agir de manière coordonnée pour éradiquer un fléau mondial.