Le chef de l’État sénégalais a la main ferme et lourde lorsqu’il s’agit de faire respecter l’autorité de l’État. C’est ainsi qu’il vient de limoger, coup sur coup, le directeur des Sénégalais de l’extérieur, Sorry Kaba, deux haut fonctionnaires membres de la délégation gouvernementale à la commission des droits de l’Homme de l’ONU et, hier le ministre-conseiller, Moustapha Diakhaté, ancien président du groupe parlementaire de sa coalition BBY.
Les quatre personnes concernées ont fait preuve de légèreté coupable avec des déclarations irresponsables qui ne reflètent pas les positions, maintes fois réaffirmées du gouvernement.
C’est comme si ces fonctionnaires avaient un agenda caché ou alors ils auraient été victimes de leur propre incompétence. Dans les deux cas, ils n’avaient plus leur place dans la structure où ils étaient censés agir, en se conformant aux exigences déontologiques qui lient les serviteurs de l’État.
Parler à tort et à travers est signe de faiblesse, de manque de retenue et de hauteur, entre autres qualités fondamentales pour une personne agissant au nom de l’État.
On comprend donc la fermeté du président Macky Sall, homme d’État jusqu’au bout des ongles, qui ne peut tolérer les dérives qui se multiplient, notamment lors d’interventions médiatiques souvent sollicitées et utilisées comme moyen de promotion personnelle.
Moustapha Diakhaté se croyait tout permis, en critiquant systématiquement le gouvernement et les décisions du chef de l’État. L’homme semble amer et frustré, car sa nouvelle attitude tranche avec celle, toute lisse, si on peut dire, de l’ancien président du groupe parlementaire BBY.
Il est vrai qu’il est un compagnon de longue date du président Sall, mais cela ne saurait justifier, ni légitimer des déclarations caractérisées d’indiscipline. Son limogeage devrait le pousser à une introspection salutaire.
Quoiqu’il en soit, la main ferme du chef de l’État est aussi une mise en garde qui s’adresse à tout le monde. L’autorité de l’État n’est pas négociable car elle est garante de la bonne marche de la démocratie sénégalaise. En effet la démocratie n’est pas l’anarchie. Elle ne peut prospérer dans les rebellions verbales et autres cabales médiatiques.
Un grand problème au Sénégal, et dans beaucoup de pays du Sud, est soulevé par l’inquisition médiatique fille de la recherche effrénée de buzz et, profitant de la névrose de nombreuses personnes aimantées par les caméras et les micros.
Certains visages bien connus des sénégalais, par exemple, pour le meilleur et, surtout pour le pire, apparaissent quotidiennement sur les écrans et la toile pour raconter des sornettes. Les hommes et les femmes de savoir sont rarement sollicités. Cela en dit long sur un microcosme malade de ses personnages incontournables sans consistance et dont l’omniprésence est problématique.