Une semaine de débat sur le voile sans femmes voilées
Éditorialistes, politiques, acteurs de la société civile…des dizaines d’invités ont fait le tour des plateaux de télévision pendant toute la semaine pour parler du voile. Premier constat, aucune femme voilée n’a eu la parole pour donner son avis sur la question. Selon « Libération », au total, 85 débats sur le voile, 286 invitations et 0 femme voilée en une semaine. Ce n’est qu’après publication de son bilan de la honte que des chaines ont pris l’initiative d’inviter des femmes voilées sur leur plateau afin de parler d’un sujet qui les concerne.
L’origine de cette nouvelle polémique remonte au 11 octobre dernier. Julien Odoul, président du groupe Rassemblement National (RN) de la région Bourgogne-Franche-Comté, avait demandé à la présidente de la région de faire enlever le voile islamique d’une accompagnatrice scolaire présente dans l’hémicycle régional. Aussitôt postée, la vidéo provoque un tollé. « C’est la République, et c’est la laïcité ! », l’entend-on marteler, filmé par un autre membre de l’auditoire.
L’islamophobie en marche
Après cette semaine de « violence morale » à l’encontre des musulmans de France qui se comptent par millions, les observateurs s’attendent, de plus en plus, à des « violences physiques ». En effet, se permettre de priver une femme d’accompagner son enfant dans une sortie scolaire à cause de son voile pour donner lieu à des dépassements plus grave. C’est le cas de cet employé de la mairie de Meaux qui vient de faire l’objet d’une enquête pour « provocation à la haine » pour avoir appelé à « couper la tête » d’une femme voilée sur les réseaux sociaux.
Dans une publication sur Facebook, supprimée par la suite tout comme son compte, l’employé municipal de Meaux a présenté une femme, prenant part à une manifestation contre l’islamophobie, comme étant une islamiste. Sans hésiter, l’homme a appelé à « couper la tête à cette pouff ».
Le maire de la ville, Jean-François Copé, connu lui aussi pour ses commentaires déplacés à l’égard des musulmans de France et des immigrés, a publié un communiqué « condamnant fermement » des « propos intolérables ». « J’ai aussi demandé à mes services d’étudier la possibilité que des sanctions administratives soient prises à l’égard de cet agent » a annoncé le maire dans un communiqué.
Le problème de tout un système
En Europe et en France en particulier, la question du traitement médiatique et politique de l’islam est de plus en plus sensible. En plus des amalgames véhiculés à propos des principes même de cette religion, on assiste depuis quelques années à des attaques récurrentes contre la pratique religieuse. En effet, la laïcité française, censée garantir la liberté de culte à chacun, est devenue une arme pour contraindre les musulmans à cacher leur appartenance religieuse.
Si certains ont toujours accusé le Front National, devenu le Rassemblement national, d’être la principale dynamo de cette vague d’anti-islam dans l’hexagone, ils oublient que des politiciens, tous mouvements confondus, ont déjà à un moment de leur carrière politique, lancé des attaques contre les musulmans et l’islam pour surfer sur cette vague. On se rappelle tous comment les politiques et les éditorialistes français ont appelé les musulmans de France à sortir manifester pour dénoncer les actes terroristes. Un appel indécent qui laissait entendre que chaque musulman est un terroriste jusqu’à preuve du contraire.
Qu’est-ce qu’être français ?
Le débat autour de l’identité, lancé depuis plusieurs années par les politiques français pour éviter les vrais débats autour des réformes économiques et sociales a largement contribué à cette haine de l’islam. En effet après de longs débats sur « qu’est-ce que être français », la réponse ressemblait en quelque sort à : « être français c’est ne pas être musulman ». Demander à des citoyens français musulmans de boire de l’alcool et manger du cochon pour prouver leur appartenance à la république a même fait partie des idées diffusées par les médias français.