L’homme fort de Russie a une seule ambition : imposer son pays comme la grande superpuissance qu’elle était du temps des « Soviets ».
Poutine n’a jamais pardonné à Gorbatchev le démantèlement de l’« empire communiste » et l’affaiblissement économique et politique du plus grand État du monde par sa superficie et, peut-être, ses ogives nucléaires.
À la tête d’une Russie fragilisée, sur le plan des moyens, malgré ses immenses richesses minières et en hydrocarbures, entre autres, le locataire du Kremlin saisit toutes les opportunités pour avancer ses pions. Pour restaurer la politique de puissance qui a permis aux héritiers de Lénine de rivaliser avec les USA, jusqu’à la chute du mur de Berlin.
Défaits par la mise en œuvre de la doctrine du « containment » (endiguement) théorisée par George Kennan, les communistes russes ont laissé un pays en ruines sur le plan économique, notamment.
C’est dans ce chaos qu’émerge Poutine qui va s’appuyer sur Boris Elstine pour prendre le pouvoir et s’y accrocher jusqu’ici. Démontrant ses capacités de résilience et de volonté inébranlable pour se maintenir à la tête de l’État et poursuivre son action en vue de refonder la Russie.
Ce bref survol historique permet de mieux situer les enjeux du sommet Russie/Afrique, premier du genre, qui s’ouvre ce jour à Sotchi. Poutine reçoit des dizaines de chefs d’État africains qui ont répondu à son invitation, conscients qu’il est devenu un homme incontournable sur la scène politique mondiale.
Comme avec la Chine, ou l’Inde, mais aussi la France et l’Amérique, avec Obama, les leaders africains sont au rendez-vous du donner et du recevoir. Poutine a prouvé, avec son appui à Bachar Al Assad, son annexion de la Crimée, ses relations avec la Centrafrique qu’il est un allié digne de confiance. Sur le plan militaire !
Les pays africains ont besoin d’armes, le Kremlin en a à vendre et à donner, sans se préoccuper de questions idéologiques ou autres. Comme Xi Xiping, il fait des affaires et ne s’occupe pas des « inquisitions sur les droits de l’Homme ».
Cela plaît à certains régimes autoritaires africains qui ont trouvé en Poutine un modèle. D’autres, respectueux des principes démocratiques ont des perspectives de coopération avec la Russie qui s’étendent aux domaines économique, sécuritaire et à la formation, en général.
Le passé « soviétique » est encore présent dans beaucoup de pays africains où de nombreux étudiants avaient été formés à l’université Patrice Lumumba de Moscou, et ailleurs dans d’autres pays de l’ex-Bloc de l’Est.
Poutine a donc des atouts en Afrique et des moyens qui sont relativement importants. Faute de beaucoup de cash, comme les Chinois, il a d’autres propositions à faire pour dynamiser une coopération qui va être fondée sur de nouvelles bases.
En vérité l’offensive de Poutine est compréhensible car Trump, par son comportement erratique, lui ouvre de nombreuses portes, partout dans le monde.
Poutine agit à sa guise, sans craindre la réaction de Trump. Les sanctions économiques américaines et européennes font certes mal à la Russie, mais pas au point, de la faire céder sur la Crimée, voire même l’Ukraine et la Géorgie.
Avant de recevoir les leaders africains, Poutine a fait sommet avec Erdogan sur la Syrie, où les deux tirent les marrons du feu, alors que Trump retire les soldats américains.
C’est donc un homme au faîte de sa puissance que ses hôtes africains vont rencontrer. C’est gagnant-gagnant. Ce nouveau chapitre qui s’ouvre entre la Russie et l’Afrique est prometteur car les deux partenaires sont mus par un réalisme politique, sans états d’âme. Rien d’autre !