Le premier ministre Benjamin Netanyahou a fini par jeter l’éponge. Après plusieurs semaines de tractations infructueuses pour mettre sur pied une équipe gouvernementale, il a décidé de remettre le mandat qui lui avait été confié par le président israélien.
L’échec est patent car il n’a pas réussi à convaincre un seul député pour pouvoir combler le gap de 6 qui l’empêche d’atteindre la majorité nécessaire. Il a perdu sa partie de poker politique, en ayant provoqué des élections anticipées, au lieu de laisser la main à Benny Gantz, la première fois. Le mur du réel l’oblige à l’accepter maintenant, toute honte bue.
Netanyahou est en perte de vitesse ; il est rattrapé par l’usure du pouvoir, avec toujours à ses trousses des juges tenaces qui ne le lâchent pas. Sa défaite électorale se confirmerait si Gantz réussissait l’exploit de former un gouvernement, avec Avidor Lieberman et le soutien « passif » des députés arabes-israéliens, par exemple.
L’ex-chef de Tsahal a des atouts importants dont ses états de service dans l’armée et son statut de novice en politique, sa modération et, surtout sa volonté de tourner la page Netanyahou, celle de la rigidité et du blocage du dialogue israélo-palestinien.
Une partie très significative de l’électorat israélien, consciente de l’impasse causée par la politique de Netanyahou, veut, encore donner une chance au dialogue. C’est pour quoi le discours va-t-en guerre de Netanyahou ne séduit plus parce qu’il a des limites objectives.
Rogner sur la partie Est de Jérusalem, coloniser de nouveaux territoires en Cisjordanie et maintenir Gaza dans sa situation scandaleuse de prison à ciel ouvert, participent d’une politique kamikaze qui ne peut qu’accoucher violence et luttes sanglantes.
C’est ce contexte de précarité pour tous que les citoyens lucides veulent changer, en donnant une chance à un nouveau leader, en l’occurrence Gantz. À lui de démontrer ses talents de leader et ses capacités de rassembleur. La tâche est difficile mais pas impossible.
Toutefois, Netanyahou ne va pas rester inactif, dans les coulisses car sa survie politique est toujours en jeu. Pourrait-il accepter de devenir simple ministre dans un gouvernement Gantz ? Pour sauver sa peau, ne serait-ce que momentanément ! Peu probable, mais il ne faut jurer de rien.
Quoiqu’il en soit, Gantz va avoir la main. À lui de distribuer les cartes dans un poker aux enjeux vitaux.