Décidément les médias sénégalais font leurs choux gras des retrouvailles Macky/Wade. C’est comme si, ce rebondissement spectaculaire les a pris de court et menace leur « confort éditorial » articulé autour d’une opposition irréductible entre Wade et son successeur.
C’est peut-être, ce qui explique l’acharnement de certains à vouloir conjuguer le futur au présent, en ce qui concerne le sort de Karim Wade empêché de revenir au Sénégal par des contraintes judiciaires.
D’aucuns font des plans sur la comète, d’autres annoncent des « deals » cultivés et mûris dans leur esprit fécond et d’autres encore se jettent sur toute bribe d’information, pour l’interpréter de manière tendancieuse.
Il en est ainsi de beaucoup de commentaires sur le comité onusien des droits de l’Homme qui a vu un expert, lors de sa récente réunion, évoquer le « cas de Karim Wade ». Aussitôt des journalistes pressés et/ou manipulés en déduisent des « oukases » lancés à l’État du Sénégal pour « réparer les torts subis par Karim Wade lors de son procès ».
Évidemment, il n’en est rien et personne n’a jamais remis en cause les éléments constitutifs des manquements ciblés et jugés par la CREI (cour de répression de l’enrichissement illicite). L’institution, elle-même a pu être contestée, mais elle est légale et existe au Sénégal depuis des décennies. Même si, elle avait connu une longue « hibernation » pendant les présidences Diouf et Wade.
C’est le premier nommé qui l’avait fait ériger et le second l’avait laissée en jachère, l’oubliant dans l’arsenal judiciaire. On le voit le débat n’est pas à ce niveau, il est dans la nouvelle donne politique créée par les retrouvailles Macky/Wade qui pose aussi le « cas Karim Wade ».
La lucidité devrait pousser à se hâter lentement dans cette affaire complexe et laisser les personnalités compétentes s’y pencher et faire des suggestions. La presse est certes dans son rôle d’en scruter les divers aspects, de donner la parole aux uns et autres, mais pas de servir de bras armé à certains.
Aussi bien ceux qui veulent accélérer la cadence judiciaire que ceux qui s’arc-boutent sur un statut quo qui serait indépassable. Révision de procès, amnistie, voire d’autres mesures judiciaires innovantes etc, la nouvelle donne est une invite à un dialogue constructif, dans le respect de la séparation des pouvoirs et des possibilités offertes, dans le cadre spécifique de chacun, d’agir, de telle ou telle manière.
On est très loin des raisonnements simplistes véhiculés par des médias englués dans la tentation de la facilité. Il faut savoir raison garder et éviter vitesse et précipitation. L’incompétence est un fléau. Les dégâts qu’elle cause sont énormes. Il est souvent difficile de rattraper le coup, comme on dit.
Alors qu’un puissant souffle de décrispation politique ouvre des perspectives positives, tous les efforts devraient être faits pour conjurer les démons des querelles verbales stériles particulièrement nocives.
Mais, n’est-ce pas peine perdue que d’essayer de prêcher la bonne parole à des historiens du présent qui dansent plus vite que la musique. Et dont les faux pas peuvent être dévastateurs ?