La police algérienne a empêché les étudiants de manifester à Alger comme ils le font chaque mardi. Une première depuis le début en février du mouvement inédit de contestation en Algérie.
Dans le centre d’Alger, les policiers ont bloqué à plusieurs reprises les manifestants et tenté de les disperser, procédant notamment à des arrestations, dans et en marge du cortège qui s’est plusieurs fois reconstitué plus loin.
Un premier barrage de policiers en tenue anti-émeutes a barré le passage aux étudiants, rejoints par des citoyens, qui se dirigeaient, selon l’AFP, vers la Grande Poste, bâtiment emblématique et lieu de rassemblement traditionnel du “Hirak”, le “mouvement” de contestation né le 22 février.
Les étudiants ont contourné le dispositif et se sont regroupés à nouveau à plusieurs reprises dans des rues proches de la Grande Poste, où un important déploiement policier a empêché le cortège de progresser avant de le disperser définitivement.
Au moins 14 personnes – 13 étudiants et un citoyen – ont été arrêtées, selon une « première liste », apparemment non exhaustive, publiée par le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), association qui milite pour la libération des personnes arrêtées dans le cadre du “Hirak”.
Un journaliste du quotidien francophone El Watan, Mustapha Benfodil, a été brièvement arrêté par la police puis relâché, a-t-il lui-même indiqué sur Twitter, affirmant que « des dizaines de citoyens sont encore dans les commissariats » et dénonçant des « forces de police déchaînées ».
Plusieurs médias ont fait état d’interpellations musclées et des vidéos postées sur les réseaux sociaux montrent la police utiliser la force pour disperser des manifestants pacifiques. « La brutalité policière a atteint un niveau jamais vu depuis le début des marches, selon plusieurs étudiants interrogés », écrit El Watan sur son site internet.
Cette première obstruction policière à une marche du Hirak intervient dans un contexte de vague d’arrestations de journalistes, militants et figures de la contestation, opposés à la présidentielle que le régime a convoquée le 12 décembre pour élire un successeur à Abdelaziz Bouteflika. Ce dernier a été poussé à la démission par la rue en avril, après 20 ans à la tête du pays.