L’un des deux candidats au second tour de la présidentielle en Tunisie, Nabil Karoui, a demandé mardi à la justice de repousser le scrutin prévu le 13 octobre. Et ce, jusqu’à ce qu’il puisse sortir de prison pour faire campagne.
Homme d’affaires et des médias, Nabil Karoui a été arrêté et incarcéré pour blanchiment d’argent le 23 août. Mais il a obtenu 15,58% des voix au premier tour le 15 septembre, ce qui lui a permis de se qualifier pour le second tour.
Plusieurs demandes de remise en liberté ont été rejetées, la dernière en date le 1er octobre. Selon l’un de ses avocats, Me Nazih Souei, un recours a été déposé au tribunal administratif, faisant valoir qu’il n’y a pas eu d’égalité des chances entre son client et son adversaire, le juriste Kais Saied, arrivé devant Karoui au premier tour.
Le candidat Karoui avait déposé le 30 septembre une demande officielle à l’Instance supérieure indépendante des élections (ISIE) pour « pouvoir se déplacer dans tous les gouvernorats pendant la campagne, et être en contact direct avec les médias », a indiqué son parti Qalb Tounes, dans un communiqué.
« En l’absence de réponse de la part de l’ISIE, nous avons demandé le report du second tour jusqu’à l’expiration des motifs de l’inégalité des chances », selon le texte. Le parti fondé il y a six mois par Karoui, Qalb Tounes, est arrivé second aux législatives de dimanche selon plusieurs sondages –les résultats préliminaires sont attendus mercredi.
L’ISIE ainsi que de nombreux responsables politiques tunisiens et des observateurs internationaux, avaient appelé à ce que Nabil Karoui puisse faire campagne de façon équitable. Samedi, Saied a annoncé qu’il cessait de faire campagne en personne « pour des considérations morales et afin d’éviter tout doute concernant l’égalité des chances entre les candidats ».
Ce second tour de présidentielle inédit, avec un candidat en prison, se déroule après un premier tour le 15 septembre marqué par un vote sanction qui a écarté les dirigeants sortants et qualifié deux novices de l’exécutif ayant fait campagne sur une rupture avec l’élite politique.
Ce feuilleton a fait passer à l’arrière-plan des législatives pourtant cruciales pour répondre aux exigences de Tunisiens, préoccupés avant tout par la crise sociale et économique que traverse le pays.