Des centaines de jeunes Maliens et de femmes de soldats en colère ont manifesté mercredi après-midi à Bamako pour réclamer la vérité sur le lourd revers infligé en début de semaine à l’armée par les terroristes dans le centre du pays en guerre.
Le président Ibrahim Boubacar Keïta a déclaré un deuil national de trois jours, à compter de jeudi. La veille, plusieurs centaines de femmes se sont rassemblées devant un camp de parachutistes pour exprimer leur exaspération après la mort d’au moins 25 soldats dans des combats avec les terroristes lundi et mardi, selon un bilan gouvernemental provisoire.
Une soixantaine d’autres soldats avaient été portés disparus après ce qui constitue le coup le plus dur essuyé par les forces maliennes depuis mars. Au même moment, quelques centaines de jeunes incendiant des pneus ont bloqué l’avenue donnant accès au rassemblement des femmes et stratégiquement située sur la route menant à la résidence présidentielle.
Deux jours d’intense bataille autour des camps de Boulkessy et Mondoro, près du Burkina Faso, se sont soldés par la mort d’au moins 25 soldats maliens, selon un bilan officiel provisoire. Quinze terroristes ont été tués, selon le gouvernement malien.
Motif supplémentaire d’alarme : les assaillants se seraient emparés d’importantes quantités d’armes, de munitions et de matériel, l’un des objectifs présumés de leur offensive. Ces hostilités sont une nouvelle illustration de la dégradation continue de la situation dans le pays en proie depuis 2012 aux insurrections indépendantistes, salafistes et terroristes et aux violences interethniques meurtrières.
Elles mettent une fois de plus en lumière l’incapacité du pouvoir central à contrôler de larges pans du territoire, malgré l’appui de missions armées française, africaine et onusienne. Et elles alimentent les accusations répandues parmi les Maliens de faillite de leur État.
Les forces maliennes n’avaient pas connu un tel bain de sang depuis le 17 mars quand une attaque terroriste contre un camp de l’armée à Dioura (centre) avait fait près de 30 morts. C’est aussi une claque pour la Force conjointe du G5 Sahel, créée en 2017 par le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad, avec le soutien de la France, pour faire face à la propagation de la menace à travers la sous-région.
Le bataillon malien attaqué à Boulkessy relevait de cette Force conjointe encore embryonnaire. Cette dernière n’avait encore jamais subi d’aussi lourdes pertes.