La 74ème assemblée générale de l’ONU -qui se poursuit à New-York- met en exergue des approches différentes entre États du Nord et ceux du Sud, notamment africains.
Pour les premiers, c’est la lutte contre le réchauffement climatique qui est privilégié -l’Amérique de Donald Trump fait bande à part-, et pour les autres c’est la lutte contre la pauvreté et contre le terrorisme.
En France, il n’y a pas de trace dans les médias ou dans les discours des leaders politiques du débat sur la lutte contre la pauvreté et les inégalités. Ce thème n’est pas mobilisateur auprès de l’opinion publique et le « sommet de l’ONU » est baptisé « sommet sur le climat ».
Les 500 millions de dollars récoltés pour combattre les incendies qui dévastent l’Amazone font la « une » des journaux qui n’insistent pas, outre mesure, sur la position du président brésilien Jair Bolsonaro qui a réaffirmé la souveraineté de son pays sur cette zone. Et son refus d’accepter qu’elle soit considérée comme « un patrimoine mondial ».
Son choix d’exploiter les terres, quitte à défricher de vastes espaces par le feu (il a simplement décrété un moratoire), n’est pas remis en cause. Et, ce n’est pas son allié Trump -qui pense la même chose que lui- qui va faire pression pour que la destruction du « premier poumon écologique de la planète » soit stoppée.
Les pays occidentaux qui mènent ce combat n’ont pas, encore partie gagnée, loin s’en faut. L’activisme des uns et des autres est cependant compréhensible : la lutte contre le réchauffement climatique peut être exploitée politiquement pour « faire oublier » d’autres urgences comme la lutte contre la pauvreté et les inégalités.
Pourtant ces deux combats sont liés, car les populations des pays du Sud, face à l’impératif de survie, vont continuer à exploiter les forêts et les terres arables disponibles pour se nourrir. Les États vont poursuivre des politiques agressives de développement pour satisfaire les besoins immenses des populations.
La Chine qui est le plus grand « pollueur » du monde, suivi des USA et de l’Inde, n’a pas le choix pour faire face à la demande de un milliard quatre cents millions de citoyens chinois. L’Inde, un milliard, l’Indonésie plus de deux cent cinquante millions, le Nigeria, bientôt deux cents millions, comme le Pakistan aussi etc.
Des centaines de millions de pauvres, voire des milliards est une véritable bombe sociale et politique qui menace la planète, autant, sinon plus que le réchauffement climatique. Ces deux questions doivent être traitées, ensemble.
Mais la logique du « buzz », le refus de voir la réalité qui dérange en face, a poussé de nombreux leaders occidentaux à ne parler que de « réchauffement climatique ». Ce qui se passe à l’ONU, en ce moment est un jeu de dupes. Les intérêts bien compris de l’Afrique ne sont pas pris en compte.
Certes les plaidoyers des leaders, comme Macky Sall, ou encore Christian Kaboré et Paul Kagamé ont suscité l’admiration des participants -c’est tant mieux- et méritent d’être relayés, dans le monde entier.
Pour mener campagne pour la lutte contre la pauvreté et les inégalités qui étouffent les pays du Sud et menacent l’humanité toute entière. Le Nord repus n’a pas conscience de la fragilité de sa situation. La bombe de la misère est aussi un danger planétaire.