Le Bénin se retrouve aujourd’hui au bord de l’asphyxie après que le Nigeria voisin ait fermé ses frontières. Une décision prise par les Nigérians pour lutter contre la contrebande.
Le 19 août, le président nigérian Muhammadu Buhari a décidé unilatéralement, et à l’encontre de tous les traités commerciaux ou de liberté de circulation de la CEDEAO (Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest), de fermer les frontières avec le Bénin et le Niger. Il les accuse de mal gérer leurs douanes et de profiter de la porosité des frontières.
Pour le ministre béninois de l’Agriculture, Gaston Dossouhoui, « la fermeture des frontières est une catastrophe ». « Les maraichers béninois sont asphyxiés économiquement et traînent déjà des millions (de francs CFA) de dettes depuis le 19 août », se désespère le président de la Chambre nationale d’agriculture du Bénin, Adjéoda Amoussou, dans une interview à l’AFP.
Le port béninois de Cotonou est quasiment devenu le port naturel de Lagos, capitale économique du Nigeria de 20 millions d’habitants totalement congestionnée et gangrénée par la corruption. Une centaine de km séparent les deux grandes villes.
D’immenses quantités de poulets surgelés, riz, tissus, mais aussi des voitures… arrivent au port de Cotonou, taxés au Bénin, avant d’être acheminés -souvent illégalement- chez le voisin nigérian, selon l’AFP.
Dans l’autre sens, le Bénin, qui n’a qu’un nombre infime de stations essence fonctionnelles, vit grâce à l’importation d’essence du Nigeria -qui y est beaucoup moins chère- grâce à un système de subventions de l’État : transportée en contrebande à moto dans des jerricanes, l’essence nigériane est vendue le long de toutes les routes du Bénin.
Au Nigeria, le ton a encore monté ces dernières semaines : « Les frontières resteront fermées jusqu’à ce que nos voisins contrôlent ce qui passe par les frontières et se conforment aux lois », a annoncé mi-septembre le contrôleur général des douanes, Hameed Ali.
Pour le Bénin et le Niger (32 millions d’habitants à eux deux) le marché nigérian de 190 millions d’habitants est vital. Mais en cas de tensions économiques ou diplomatiques leur voix ne pèse pas grand chose dans un combat de David contre Goliath que le Nigeria serait quasi certain de remporter.