Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, est dans l’incapacité de former un gouvernement.

Le premier ministre israélien sort affaibli de la consultation électorale qu’il a provoquée. En effet, même si, 99,8% des bulletins sont dépouillés -il reste encore des vérifications à faire sur 2000 bureaux de vote et d’autres bulletins à compter-, Netanyahou est devancé par son adversaire du centre-gauche, Benny Gantz.

Il obtient 31 sièges contre 33 à Gantz, si on s’en tient aux chiffres publiés, jusqu’ici. Le Likoud (stricto-sensu) est donc battu.

Toutefois, Gantz qui est devant, et qui revendique la victoire, n’a pas des soutiens aussi assurés que ceux du Likoud. C’est ainsi que le « bloc de Droite » (Likoud et alliés) peut compter sur 55 députés sur un total de 120. Il resterait seulement 6 ralliements à Netanyahou pour avoir la majorité.

Mais, Gantz est crédité de 44 députés avec le « bloc de gauche » et pourrait s’allier avec les députés arabes-israéliens qui font un score remarquable, avec 13 élus, pour le moment. Il y a aussi Lieberman qui rassemble 8 élus et qui pourrait faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre.

Ce serait étonnant qu’il retrouve Netanyahou qu’il avait quitté, acte qui a précipité la crise actuelle qui ne finit pas de déchirer Israël où, une majorité de gouvernement semble introuvable. La faute au système proportionnel intégral et à l’émiettement du champ politico-idéologique.

Netanyahou paie le prix de son action radicale et de son refus d’ouvrir des perspectives réalistes pour faire avancer le processus de paix avec les Palestiniens.
Sa volonté affirmée, pendant la campagne électorale d’annexer une partie de la Cisjordanie n’a pas trouvé l’écho recherché. Elle n’est certainement pas étrangère au sursaut électoral des Arabes-Israéliens qui ont pris, massivement le chemin des urnes.

C’est un choix à encourager parce que cet électorat peut beaucoup peser, car les Arabes-Israéliens comptent pour un cinquième de la population totale du pays (20%). Il s’agit d’une force démocratique qui peut constituer un vecteur de changement majeur.

Israël se targue d’être la seule « démocratie du Moyen-Orient », il faut donc utiliser cette arme démocratique qu’est le bulletin de vote pour forcer le changement. Netanyahou a réveillé un lion qui dormait et le regrette déjà amèrement.

Non seulement, il ne pavoise plus, mais il joue sa survie politique, car des échéances judiciaires l’attendent dans les semaines qui viennent où il risque d’être mis en examen pour corruption.

Le président israélien, Nechama Rivlin va entamer ses consultations, dimanche, pour choisir un premier ministre. Il devrait garder une dent à Netanyahou à qui il avait confié le mandat de former un gouvernement et qui, ayant échoué, au lieu de lui rendre le mandat, a préféré provoquer des élections anticipées. S’il choisissait, cette fois, Benny Gantz, ce ne serait que logique, car il est arrivé en tête du scrutin.

Cependant, les recommandations des différents partis ayant obtenu des élus, va aussi peser sur la balance. Et, de ce point de vue, Netanyahou a des cartes à jouer. Il s’y ajoute qu’il est au bord du précipice et son destin personnel est en jeu ; ce qui va l’obliger à promettre monts et merveilles pour convaincre d’éventuels alliés possibles.

Gantz a un atout exceptionnel : le désir de changement qu’il incarne et qui explique sa victoire relative. Netanyahou est déjà un homme du passé, un politicien rattrapé par l’usure du pouvoir. Il va certes jeter toutes ses forces dans la bataille pour ne pas sombrer corps et biens.

Quoiqu’il advienne, son étoile ne brille plus et son déclin a bel et bien commencé.