La Constitution tchadienne imposait la tenue des élections législatives en 2015 mais les Tchadiens attendent toujours. Quatre ans après, le président Idriss Déby Itno leur a promis, sous pression internationale, qu’ils iraient aux urnes avant la fin 2019.
La dernière fois que les Tchadiens ont voté pour élire leurs députés remonte à 2011. Depuis, l’Assemblée nationale, largement dominée par la majorité présidentielle, est restée la même. Pour justifier les reports successifs du scrutin, le président Déby, au pouvoir depuis près de 30 ans après un coup d’État en 1990, a invoqué la menace terroriste de Boko Haram -le groupe terroriste nigérian qui multiplie les attaques meurtrières dans l’ouest depuis 2015- et des difficultés financières.
Mais depuis deux ans, les bailleurs de fonds occidentaux et soutiens du Tchad, un pays stratégique en Afrique dans la lutte contre la menace des islamistes armés au Sahel, font pression sur le chef de l’État, Washington et Paris en tête.
Début juillet, le président Déby l’avait assuré : les élections se tiendront, « au pire, en décembre ». Mais, à moins de quatre mois de cette échéance, aucune date n’est fixée. Mercredi, le ministre des Affaires étrangères, Chérif Mahamat Zene, a assuré, devant le corps diplomatique à N’Djamena, que le gouvernement mettait tout en œuvre pour respecter ce délai et a appelé ses partenaires à un « appui conséquent et multiforme » pour l’organisation des élections.
L’opposition, elle, n’y croit pas. « Le recensement biométrique n’a pas commencé, les listes électorales n’ont pas encore été publiées », affirme Mahamat Ahmat Alabo, secrétaire général du Parti pour les libertés et le développement (PLD, dans l’opposition), cité par l’AFP. Selon lui, il est impossible objectivement d’organiser des élections en 2019.
La société civile s’inquiète aussi, au moment où M. Déby a décrété fin août un état d’urgence dans l’Est, théâtre d’affrontements meurtriers entre cultivateurs et éleveurs, et dans le nord, repaire de groupes rebelles et d’orpailleurs illégaux.
Selon certains observateurs, les réticences du pouvoir à organiser jusqu’ici ces élections, ne s’expliquent pas par la peur de les perdre -le Mouvement Patriotique du Salut (MPS)-, le parti au pouvoir, dispose d’un ancrage territorial très fort dans tout le pays et l’opposition reste profondément divisée.