Le nouveau président mauritanien, Mohammed Ould Cheikh El-Ghazouani a nommé le dimanche 4 août 2019, un Premier ministre technocrate, en la personne d’Ismaïl Ould Bedda Ould Cheikh Sidiya, ancien ministre sous le régime de Mohammed Abdelaziz. Lundi 5 août, le président nomme l’ancien et dernier Premier ministre d’Abdelaziz, aux fonctions de Ministre, Secrétaire général de la Présidence de la république. À ce rythme, l’on se demande si El-Ghazouani n’a-t-il pas tourné le dos à la rupture tant réclamée, et opté enfin, pour la continuité du régime d’Abdelaziz ?
À peine un mois après la publication des résultats électoraux de la présidentielle du 22 juin 2019, le président Mohammed Ould Cheikh El-Ghazouani, ancien candidat du président sortant Mohammed Ould Abdelaziz, est en train de marcher sur les pas de son mentor et prédécesseur.
El-Ghazouani vient de nommer l’ancien ministre de l’Habitat et de l’Emploi sous le régime d’Ould Abdelaziz, le technocrate Ismaïl Ould Bedda Ould Cheikh Sidiya au poste de premier ministre, chargé de former un gouvernement de “hautes compétences”.
Le nouveau Premier ministre a été plusieurs fois ministre entre 2009 à 2014. Il fut d’abord directeur général de l’Agence gouvernementale de la Reconstruction de la Ville de Tindame, une ville de l’Est mauritanien, dont les habitations avaient été rasées suite à des pluies torrentielles en 2008. Il dirigera ensuite les ministères de l’Habitat, de l’Aménagement du Territoire, de la Formation professionnelle et a été directeur général de l’Autorité de la zone franche de Nouadhibou.
Ismaïl Ould Bedda Ould Sheikh Sidiya a été directeur de campagne du candidat El-Ghazouani dans le Gorgol, où ils ont été battus par les candidats de l’opposition. Il militait dans l’Union pour la République (UPR, parti présidentiel qui accompagnait le président Ould Abdelaziz). Il est cependant réputé être un technocrate très compétent.
En indiquant qu’il est chargé de composer un gouvernement de “hautes compétences”, Ismaïl Ould Bedda laisse croire que son équipe sera essentiellement composée de technocrates purs et durs. Dans la journée d’hier lundi 5 août, le nouveau président a aussi nommé le premier ministre sortant (sous Abdelaziz), Mohamed Salem Ould Béchir, au poste de ministre, Secrétaire général de la Présidence de la république.
Ould Béchir est un homme politique mauritanien qui a exercé les fonctions de Premier ministre de la Mauritanie de 2018 à 2019. Ingénieur en robotique, formé dans les grandes écoles françaises, M. Mohammed Salem Ould Béchir a débuté sa carrière professionnelle à la Société nationale de l’Eau et de l’Électricité (Sonelec) en septembre 1986. Il a été secrétaire général de plusieurs ministères, de mai 2007 à septembre 2009.
Militant du parti de l’Union pour la République(UPR), il n’en demeure pas moins qu’il reste un technocrate aguerri et compétent. Si l’on sait que le président sortant Mohammed Ould Abdelaziz, qui ne pouvait diriger l’UPR à cause d’une incompatibilité constitutionnelle, ambitionne maintenant, selon certaines sources bien informées, de briguer la présidence du parti lors de son prochain congrès, prévu dans les prochains mois.
On constaterait, en tout cas, que la Mauritanie s’approche, de plus en plus, du cas congolais où Joseph Kabila, après avoir quitté la présidence de la république, continue à contrôler l’Assemblée nationale où son parti dispose d’une majorité confortable et par conséquent, reste un acteur incontournable du jeu politique de son pays. Cette nouvelle donne, impose à son successeur Félix Tshisekedi de composer avec lui pour faire marcher les affaires de l’État. En Mauritanie, l’évolution sur la scène politique, laisse apparaître une certaine complicité entre Ould Abdelaziz et El-Ghazouani.