La Tunisie s’apprête à organiser des élections anticipées, un défi dans un contexte politique qualifié de « délétère » par les observateurs. Le pays est désormais présidé par intérim par le chef du Parlement Mohamed Ennaceur. Ce dernier a prêté serment juste après le décès jeudi du chef de l’État, Béji Caïd Essebsi.
La Tunisie doit en effet s’atteler à la préparation d’élections. Béji Caïd Essebsi est mort à quelques mois de la fin de son mandat en décembre, mais la Constitution prévoit que l’intérim de Mohamed Ennaceur ne dure que 45 à 90 jours, soit jusqu’au 23 octobre.
L’instance supérieure indépendante chargée d’organiser des élections a annoncé jeudi une élection présidentielle anticipée « probable » dès le 15 septembre, au lieu du 17 novembre initialement prévu, ce qui bouleverse le calendrier électoral. Des législatives sont prévues en octobre.
Nombre de Tunisiens ont salué la transition rapide, alors que leur pays est le seul des États arabes touchés par les contestations de 2011 à poursuivre sur la voie de la démocratisation malgré les soubresauts politiques, la morosité économique et des attaques terroristes.
Pour les observateurs, les luttes de pouvoir et l’émiettement du parti présidentiel ont créé une atmosphère délétère, qui risque de peser sur l’organisation de la présidentielle. Et la transition reste fragilisée par l’absence d’une Cour constitutionnelle, institution cruciale d’une jeune démocratie, dont la mise sur pied a été maintes fois repoussée par calcul politique des partis au pouvoir.
L’instance provisoire de contrôle de constitutionnalité des lois, qui la remplace depuis 2014, a des prérogatives limitées, notamment pour trancher dans la polémique sur le code électoral.
Les conditions pour se présenter aux élections ont été amendées de façon contestée en juin par le Parlement. Mais le texte voté à l’initiative du gouvernement n’a pas été promulgué par le président avant son décès. Il s’agissait d’une volonté de sa part selon un de ses conseillers.
Reste à savoir si ce code électoral amendé sera promulgué. Il exclue plusieurs candidats de poids des scrutins, dont la mécène Olfa Terras-Rambourg ou le magnat des médias Nabil Karoui. Ce dernier a menacé de retourner contre ses concurrents politiques ce texte, qui interdit de façon rétroactive sur un an tout recours à la publicité politique et distribution de biens aux électeurs.