L’ex-président sud-africain Jacob Zuma comparaît lundi devant une commission d’enquête pour y répondre à des témoignages accablants qui l’accusent d’avoir généralisé la corruption à la tête du pays.
Depuis un an, cette commission, présidée par le vice-président de la Cour constitutionnelle Raymond Zondo, a entendu des dizaines de ministres, élus, hommes d’affaires ou hauts fonctionnaires venus déballer au grand jour les affaires louches de l’ère Zuma (2009-2018).
L’ancien chef de l’État, 77 ans, est notamment soupçonné d’avoir accordé illégalement de juteux contrats publics et des avantages indus à une sulfureuse famille d’hommes d’affaires indiens dont il est proche, les Gupta.
Jacob Zuma a été poussé à la démission il y a un an et demi par son successeur à la tête du Congrès national africain (ANC) au pouvoir et du pays, Cyril Ramaphosa. Mais il a toujours nié farouchement être impliqué dans tous les scandales qui ont éclaboussé son règne.
Dans un courrier rendu public le mois dernier, son avocat Daniel Mantsha a mis en cause l’impartialité de la commission d’enquête en l’accusant de ne chercher « qu’une vérité » et de vouloir « piéger et humilier » son client.
Même s’il n’a pas obtenu la liste des questions que le juge Zondo envisage de lui poser, Jacob Zuma a accepté de répondre à sa convocation, non contraignante, en principe jusqu’au vendredi 19 juillet. Mais le doute persiste sur l’attitude qu’il adoptera à l’audience, télévisée en direct.
Depuis qu’elle a lancé ses auditions, la commission Zondo a compilé un épais dossier à charge contre l’ex-président. Un ex-ministre, Mcebisi Jonas, est venu y raconter comment les frères Gupta étaient venus lui proposer en 2015 le maroquin des Finances en échange de son aide pour obtenir des contrats et un pot-de-vin de 600 millions de rands (près de 40 millions d’euros).
Un autre ministre des Finances, Nhlanhla Nene, a témoigné avoir été remercié la même année par Jacob Zuma pour avoir refusé un juteux projet de contrat nucléaire qui aurait bénéficié aux mêmes frères Gupta, propriétaires d’une mine d’uranium.
Droit dans ses bottes, l’ancien président a balayé toutes ces allégations d’un revers de main. « Tout cela ne relève que de la politique », a-t-il répété récemment lors d’un discours devant l’université du Cap-oriental, « la capture de l’État n’existe pas ».