L’Afrique du Sud a annoncé samedi avoir mis un terme à son projet d’extrader vers son pays d’origine l’ancien ministre mozambicain des Finances Manuel Chang. Ce dernier a été arrêté en 2018 à Johannesburg pour son implication présumée dans un vaste scandale de corruption.
Le nouveau ministre sud-africain de la Justice, Ronald Lamola, a déclaré dans un communiqué que le projet de remettre Manuel Chang au Mozambique avait été abandonné car « la décision précédente n’était peut-être pas légalement autorisée ».
Le ministre sud-africain a déclaré qu’il serait « erroné » d’extrader Chang car il bénéficiait d’un statut d’immunité au Mozambique et qu’il n’y avait été inculpé d’aucun crime, rapporte l’AFP. Dans des documents judiciaires, il a décrit la décision comme « irrationnelle et incompatible avec la Constitution » sud-africaine et a ajouté que le renvoi de Chang au Mozambique était également contraire aux « traités nationaux, régionaux et internationaux » signés par l’Afrique du Sud.
Pour rappel, l’Afrique du Sud avait décidé en mai 2019 de renvoyer Manuel Chang au Mozambique, plutôt que vers les États-Unis qui avaient déposé une demande d’extradition concurrente.
Manuel Chang est détenu en Afrique du Sud depuis décembre 2018 à la demande des autorités américaines pour sa participation présumée à des prêts frauduleux de 2 milliards de dollars à des entreprises d’État du Mozambique.
Il est accusé d’avoir perçu plusieurs millions de dollars de pots-de-vin en marge de cette affaire et les États-Unis affirment que des investisseurs américains y ont été escroqués.
Les charges à l’encontre de Manuel Chang concernent des emprunts contractés par le gouvernement mozambicain lorsqu’il était chef du Trésor entre 2005 et 2015. Lorsque la dette cachée a été révélée, le Mozambique – qui dépend de l’aide des donateurs et est l’un des pays les plus pauvres du monde – a été plongé dans la pire crise financière de son histoire.
Les États-Unis avaient exprimé leur colère contre la décision de l’Afrique du Sud d’extrader Chang au Mozambique. Les États-Unis allèguent qu’au moins 200 millions de dollars ont été dépensés en pots-de-vin et dessous de table dans un vaste stratagème de fraude et de blanchiment d’argent, dont 12 millions pour l’ancien ministre Chang.