La justice tunisienne a inculpé le magnat des médias et candidat à la présidentielle Nabil Karoui pour blanchiment d’argent. Elle a aussi décidé de geler ses avoirs et de lui imposer une interdiction de voyage.
Nabil Karoui ainsi que son frère Ghazi Karoui sont visés par une instruction judiciaire du pôle financier depuis 2017, après le dépôt par l’ONG anti-corruption I-Watch d’un dossier l’accusant de fraude fiscal.
« Après l’ouverture d’une enquête suite à la plainte déposée par I-Watch et après avoir convoqué et entendu plusieurs fois les deux hommes au pôle financier, le juge d’instruction a décidé il y a 10 jours d’inculper Nabil Karoui et Ghazi Karoui pour blanchiment d’argent », a déclaré le porte-parole du pôle judiciaire, Sofiène Sliti, cité par l’AFP. Le juge a également décidé « le gel de leurs biens et de leur fonds financiers et l’interdiction de voyager ».
Le parti récemment créé par Nabil Karoui, « 9alb Tounes » (Au cœur de la Tunisie), a déploré cette décision « à quelques jours du dépôt des candidatures aux élections législatives ». Il s’agit selon lui d’une « tentative vaine visant à perturber le parti et son président et à remettre en cause la popularité toujours croissante de ce dernier ».
Présenté comme « personnalité controversée » en Tunisie, Nabil Karoui est un ancien commercial pour les marques « Colgate et Palmolive » qui avait lancé en 2002, avec son frère Ghazi, une agence internationale de publicité, Karoui et Karoui.
Des commissions rogatoires ont été émises afin d’enquêter sur les activités de leur société à l’étranger et les investigations sont toujours en cours, a souligné Sliti. Il a assuré que cette décision n’avait aucune motivation politique.
Nabil Karoui, qui avait été très actif pour l’élection du président Béji Caïd Essbesi en 2014, est aujourd’hui un adversaire de taille pour le Premier ministre Youssef Chahed. Le parti de Nabil Karoui a accusé Chahed et la formation d’inspiration islamiste Ennahdha qui soutient son gouvernement d’utiliser « de manière éhontée les institutions et moyens de l’État dans le but d’éliminer des adversaires politiques ». Il a appelé le Premier ministre à démissionner s’il compte se présenter.
Fondateur de la chaîne Nessma TV, l’une des principales chaînes privées tunisiennes, qui émet sans licence depuis plusieurs années, Karoui s’est déclaré en mai candidat à la présidentielle. Mais des amendements controversés du code électoral ont été votés fin juin, qui visent à écarter plusieurs candidats, dont lui, n’ayant pas respecté ces derniers mois les obligations faites aux partis politiques, notamment celle de ne pas octroyer « des avantages » aux électeurs.
Rappelons que les élections législatives sont prévues le 6 octobre en Tunisie et seront suivies par l’élection présidentielle le 17 novembre.