Des preuves qui nécessitent l’ouverture d’une enquête internationale
La rapporteure spéciale de l’ONU, Mme Agnès Callamard a dirigé le 28 janvier dernier, une équipe d’enquêteurs sur l’Affaire du journaliste assassiné en octobre 2018 en Turquie, au Consulat d’Arabie Saoudite, feu Jamal Khassoggi.
La rapporteure Spéciale des Nations unies, Mme Agnès Callamard a présenté les conclusions et recommandations de son équipe au Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies, lors de la session de juin 2019. Elle était accompagnée dans cette enquête qui aura duré près de six mois par la baronne Helena Kennedy et le professeur Duarte Nuno Vieira de l’Université portugaise de Coimbra.
L’enquête avait pour objectifs d’évaluer les circonstances du crime et la nature ainsi que l’ampleur de l’implication des États et des individus responsables du meurtre. Elle visait également à “identifier les moyens par lesquels, les États peuvent renforcer le respect de leurs engagements internationaux en matière de protection du droit à la vie, de prévention des violations et de reddition des comptes“, selon les déclarations de Mme Callamard.
Sur la base de son enquête, Mme Callamard et Cie demandent donc l’ouverture d’une enquête internationale et réclament également “des sanctions contre les biens personnels du prince héritier d’Arabie Saoudite, Mohammed Bin Salman à l’étranger“. Cependant Mme Callamard précise :”Nous nous sommes focalisés sur les commanditaires du meurtre, mais nous n’avons aucune preuve concernant ces commanditaires“, a-t-elle ajouté.
Selon Mme Callamard, “Nous avons, en revanche, des éléments suggérant que des officiels saoudiens de très haut niveau, pourraient être impliqués dans cette affaire. Ce qui nécessite une enquête approfondie, en particulier sur le prince héritier pour plusieurs raisons, dont la première étant que des suspects, directement impliqués dans le meurtre, lui rendaient des comptes“, précise-t-elle.
Pour rappel, le journaliste saoudien Jamal Khashoggi s’était rendu au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul, le 2 octobre 2018, pour y effectuer des démarches administratives. Sa fiancée turque, qui l’attendait à l’extérieur du consulat, ne l’a plus vu ressortir. Le 19 octobre 2018, l’Arabie Saoudite a avoué que Jamal Khashoggi avait été tué à l’intérieur de son consulat à Istanbul.
Hier mercredi, un rapport des Nations unies faisait encore état d’un nouvel enregistrement très compromettant pour certaines autorités saoudiennes, dont l’implication dans la commission du crime n’est plus à démontrer.
Dans une réaction sur Twitter, Mevlüt Cavusoglu, Ministre turc des Affaires étrangères écrit : “Nous soutenons avec force les recommandations de la rapporteure spéciale de l’ONU, visant à élucider le meurtre de Jamal Khashoggi, en demandant des comptes à ceux qui sont les véritables responsables“, déclare le diplomate turc.