Le chef d’état-major de l’armée algérienne, le général Ahmed Gaïd Salah, a mis en garde mardi contre toute transition hors du cadre constitutionnel, telle que la réclame l’actuel mouvement de contestation.
Le général estime qu’elle aboutirait à « la destruction des fondements de l’État ». Ceux qui « tentent sciemment d’outrepasser, voire geler, l’application des dispositions de la Constitution, réalisent-ils que cela signifie la suppression de toutes les institutions de l’État et s’engouffrer dans un tunnel obscur dénommé le vide constitutionnel ? », a interrogé le général Gaïd Salah dans un 2ème discours en deux jours, prononcé lors d’une visite sur le terrain.
Le vide constitutionnel signifie « la destruction des fondements de l’État national algérien et penser à construire un autre État avec d’autres standards, d’autres idées et d’autres projets idéologiques, auxquels seront consacrés des débats sans fin », a-t-il ajouté.
« Celui qui voue rancune et animosité envers l’armée et son commandement, est indubitablement un ennemi de l’Algérie », a mis en garde le général Gaïd Salah, homme fort, de fait, du pays depuis la démission le 2 avril du président Abdelaziz Bouteflika.
Soutien durant 15 ans du président déchu, le général Gaïd Salah est critiqué pour son rejet des revendications du mouvement qui agite l’Algérie depuis le 22 février et réclame le départ du « système » au pouvoir et la mise en place d’institutions ad-hoc, chargées de réformer l’Algérie, d’élaborer un nouvelle Constitution puis d’organiser un scrutin pour élire un nouveau chef de l’État.
Rappelons que depuis la démission d’Abdelaziz Bouteflika, la justice algérienne a lancé plusieurs enquêtes sur des faits présumés de corruption et placé en détention provisoire de puissants hommes d’affaires, la plupart soupçonnés, comme Ali Haddad, d’avoir profité de leurs liens privilégiés avec le chef de l’État déchu ou son entourage pour obtenir des avantages ou des marchés publics.
Plusieurs responsables ou hauts responsables ont également été à leur tour inculpés depuis une semaine dans des affaires d’irrégularités dans des passations de marchés publics. Outre Sellal, ont été écroués Ahmed Ouyahia, quatre fois Premier ministre entre 1995 et 2019, dont trois fois sous la présidence Bouteflika, et l’ex-ministre du Commerce Amara Benyounes.