Le Bénin a connu quatre jours d’échauffourées entre l’armée et des manifestants à Savè et à Tchaourou, ville d’origine de l’ancien président Boni Yayi, dans le centre du pays. La situation était toujours très tendue vendredi matin dans le pays.
« Les forces armées sont présentes partout dans la commune et sur la route principale entre Tchaourou et Parakou pour essayer de dégager les barricades » mises en place par des manifestant pro-Yayi, selon un élu de la commune cité par l’AFP sous couvert d’anonymat. « L’armée tire à balles réelles. Les violences sont extrêmes », a-t-il affirmé.
Plusieurs éléments de l’armée ont été blessés et admis dans un hôpital à Parakou, selon un médecin. Aucune information officielle n’était disponible sur le bilan des affrontements, écrit l’AFP. Selon le maire de la commune voisine de Savè, Timothée Biaou, « les jeunes ont rétabli les barrages ce matin (vendredi) sur la route entre Cotonou et Parakou ».
Des photos et des vidéos de manifestants blessés ainsi que des soldats circulaient sur les réseaux sociaux, faisant état de très fortes altercations sur la route principale, bloquée par les manifestants.
Ils « réclament la levée des barrages autour du domicile de Boni Yayi et la libération de leurs frères avant de libérer la route bloquée à hauteur de Tchaourou », selon un proche de l’ancien président, dont le domicile à Cotonou, la capitale économique, est toujours cerné par les forces de l’ordre.
Le Bénin est en proie à une crise politique depuis les élections législatives du 28 avril, auxquelles l’opposition n’avait pas été autorisée à présenter de candidats pour des raisons administratives.
L’ancien président avait appelé la population à se soulever en signe de protestation et appelé le chef de l’État, Patrice Talon a annulé le processus électoral. Les 1er et 2 mai, des centaines de personnes s’étaient rassemblées autour du domicile de Boni Yayi à Cotonou, craignant qu’il ne soit arrêté.
La répression des manifestations par l’armée a déjà fait au moins quatre morts par balles selon Amnesty International et de nombreux blessés à travers le pays.
Des ONG de défense des droits humains ont dénoncé le tournant autoritaire du président Patrice Talon, élu en avril 2016, dans un pays qui a longtemps été considéré comme un modèle de démocratie en Afrique de l’Ouest.