Le cycle d’atrocités entre communautés désormais antagonistes menace l’existence même du Mali, a affirmé lundi le président Ibrahim Boubacar Keïta. Le pays a connu il y a deux jours une tuerie lors d’une attaque qui a ravagé un village dogon du centre du Mali, faisant un bilan estimé à une centaine de morts.
« Ce n’est pas à un cycle de vengeance, de vendetta, que ce pays doit être conduit », a déclaré à la télévision publique ORTM le président malien, en Suisse pour le centenaire de l’Organisation internationale du travail (OIT), annonçant qu’il écourtait son séjour.
IBK a appelé au contraire à des « retrouvailles » entre Maliens, « qui seules vont nous permettre de rebondir et permettre à notre nation de survivre. Car nous sommes en question de survie », a-t-il estimé.
Selon le gouvernement malien, des hommes armés, « soupçonnés d’être des terroristes, ont lancé un assaut meurtrier contre le paisible village de Sobame Da ».
« Le bilan provisoire établi par une mission du poste de sécurité de Diankabou », dans les environs, « fait état de 95 morts et de 19 portés disparus », a précisé le gouvernement, dénonçant un « carnage ».
L’attaque du village dogon est survenue dans la nuit de dimanche à lundi, contre un village de la zone de Bandiagara, à l’est de Mopti. Elle fait suite au massacre le 23 mars à Ogassogou de quelque 160 Peuls attribuée à des chasseurs dogons dans cette région, proche de la frontière avec le Burkina Faso, devenue la plus violente du pays.
Depuis l’apparition en 2015 dans la région du groupe terroriste du prédicateur Amadou Koufa, recrutant prioritairement parmi les Peuls, traditionnellement éleveurs, les affrontements se multiplient entre cette communauté et les ethnies bambara et dogon, pratiquant essentiellement l’agriculture, qui ont créé leurs « groupes d’autodéfense ».
Le chef de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma), Mahamat Saleh Annadif, a condamné cet « acte d’une barbarie inqualifiable ». Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé les protagonistes à « s’abstenir de représailles ». Il « exhorte le gouvernement et tous les acteurs à engager un dialogue intercommunautaire pour résoudre les tensions et les différends ».
L’association de chasseurs dogons Dan Nan Ambassagou, officiellement dissoute au lendemain du massacre d’Ogossagou, a condamné un « acte terroriste et génocidaire intolérable », indiquant qu’elle « considère cette attaque comme une déclaration de guerre ». Le groupe avait démenti toute implication dans la tuerie d’Ogossagou mais rejeté sa dissolution et refusé de « déposer les armes ».