Les Soudanais ont enchainé lundi une deuxième journée de désobéissance civile, à l’appel du mouvement de contestation. Une réaction au durcissement de la répression par les généraux au pouvoir, qui a fait plus d’une centaine de morts en une semaine.
Les meneurs du mouvement de contestation soudanaise, déclenchée en décembre dans un climat de crise économique aigüe, ont affirmé que le mouvement de désobéissance civile continuerait « jusqu’à ce qu’un pouvoir civil soit instauré ».
Le Soudan a vécu une semaine sanglante après la dispersion du sit-in devant le siège de l’armée. Une dispersion qui a fait 118 morts et plus de 500 blessés, le 3 juin, d’après un comité de médecins proche de la contestation. Le gouvernement estime, lui, à 61 le nombre de morts, dont 49 par des « tirs à balles réelles » à Khartoum.
Parallèlement, trois opposants soudanais qui avait été arrêtés dans le cadre de cette répression ont été libérés lundi, a annoncé la télévision d’État. Le Conseil militaire de transition, qui dirige le Soudan depuis la destitution du président Omar El-Béchir le 11 avril, a annoncé dimanche soir le déploiement de renforts dans la capitale pour favoriser « un retour à la vie normale ».
Les forces de sécurité se sont évertuées ces derniers jours à démonter les barricades de fortune dressées par les contestataires, qui continuent de réclamer le transfert du pouvoir aux civils.
La télévision d’État a de son côté indiqué que Yasser Amran, un chef rebelle arrêté mercredi dernier, avait été libéré, tout comme deux autres figures du mouvement, Moubarak Ardoul et Ismaïl Jalab. Ardoul et Jalab avaient été interpellés au lendemain de leur rencontre avec le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, venu à Khartoum en médiateur vendredi.
« L’Alliance pour la liberté et le changement est pleinement responsable des récents et malheureux incidents dont l’obstruction des routes », a affirmé dimanche soir le général Jamal El-Din Omar, un membre du Conseil militaire, dans un discours télévisé. « Le Conseil militaire a décidé de renforcer la présence des forces armées, des RSF et des autres forces régulières pour un retour à la vie normale », a-t-il ajouté.
Les RSF, présentées par certains comme un avatar des terribles milices Janjawid du Darfour, sont accusées par la contestation d’être à l’origine de la dispersion du campement installé depuis le 6 avril devant le QG de l’armée et de la répression qui a suivi.
Dimanche, la police anti-émeute était déjà intervenue dans le quartier de Bahri, dans le nord de la capitale, tirant des coups de feu en l’air et des gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants qui, en matinée, avaient construit des barricades avec des pneus, des briques ou des troncs d’arbres.